Ingela Brimberg (Elektra), Ingrid Tobiasson (Clytemnestre), Susanna Levonen (Chrysothémis), Thomas Lander (Oreste). Orch. du NorrlandsOperan, dir. Rumon Gamba, mise en scène : La Fura dels Baus (Umea, 2014).
Cmajor 731808. 1 DVD NTSC 16/9
Quelle drôle d'idée d'éditer ce document en vidéo commerciale ! Peut-être le spectacle a-t-il été impressionnant pour ceux qui y ont assisté en août 2014, mais l'écran n'en restitue rien. Nous sommes à Umea, en Suède. La compagnie d'opéra locale décide de confier Elektra à La Fura dels Baus et, pour permettre à Carlus Padrissa de déployer son imagination visuelle, l'on décide d'utiliser une friche industrielle en plein air. Dans un décor de métal et de feu, les personnages prennent place sur des géants articulés façon Royal de Luxe (mais sans sa poésie), chantant avec des micros tandis que l'orchestre est sonorisé. A la fin, des silos déversent des flots d'hémoglobine sur l'espace de jeu. Dans l'intervalle, on n'aura rien appris sur Elektra, le dispositif invitant à la performance plus qu'au théâtre : aucune direction d'acteurs, aucun propos, une impression désastreuse d'éloignement et de désincarnation. L'orchestre lui-même, dirigé avec plus de scrupule que de flamme par le chef anglais Rumon Gamba, est beaucoup trop faible pour exprimer la violence du drame straussien. A côté, la scène lacustre de Bregenz paraîtrait presque intimiste. Au moins le ratage de l'expérience nous aura-t-il fait prendre conscience d'une chose : l'opéra le plus tonitruant de l'histoire du genre est en fait un huis clos psychologique ; en faire un blockbuster, c'est passer complètement à côté. Pour autant que l'on puisse en juger dans les circonstances de la captation, les voix ne sont pas exceptionnelles, hormis celle d'Ingela Brimberg, déjà repérée en Senta du Vaisseau fantôme et qui ne manque décidément pas d'incisivité dramatique. Elle chantera le rôle à Bordeaux en 2018 : à noter sur nos agendas. Pour le reste, un DVD à éviter.
C.M.