Mariusz Kwiecień (Zurga), Matthew Polenzani (Nadir), Diana Damrau (Leïla), Nicolas Testé (Nourabad). Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera, dir. Gianandrea Noseda, mise en scène : Penny Woolcock (New York, 16 janvier 2016).
DVD Warner Classics Erato. Distr. Warner Music.
Un événement : le Met n'avait pas affiché Les Pêcheurs de perles depuis... un siècle, avec Enrico Caruso, Frida Hempel et Giuseppe De Luca. Or l'événement s'arrête là. La production de Penny Woolcock, d'abord, ne fait pas longtemps illusion. Passe pour une actualisation dans un bidonville d'aujourd'hui, pour un opéra de la mer, tombeau des pauvres pêcheurs ou tsunami apocalyptique. On peut même siffler une bière ou fumer une clope. Mais la direction d'acteurs rappelle les naïvetés de Bollywood et prête parfois à sourire, notamment les mines et les poses de Leïla, dont fait les frais Diana Damrau, qui a déjà une tendance à l'affectation. Cela dit, la voix est celle du rôle, du premier acte, plus léger, au dernier, plus tendu, et l'incarnation s'avère attachante. Quelque chose, pourtant, manque, que nous donnent les chanteuses françaises - Annick Massis à Venise, par exemple... mais une Patrizia Ciofi, à Naples, est aussi plus orthodoxe. Car cette soirée donne une idée parfaite de la mondialisation du chant dans ce répertoire. Mariusz Kwiecień, qu'on aime beaucoup, n'a visiblement guère d'intimité avec le style requis, assez raide d'ailleurs d'émission et de ligne. Matthew Polenzani passe simplement son chemin, pas assez ténor d'opéra-comique malgré la voix mixte - peu charmeuse d'ailleurs - de sa Romance. Bref, on a la lettre, jusqu'à une articulation honorable, pas l'esprit, qu'incarne à lui seul le Nourabad de Nicolas Testé - un peu court pour des Pêcheurs de perles, non ? Gianandrea Noseda, en revanche, leur donne de l'éclat et de la force : direction acérée et théâtrale, aux couleurs vives. Il a, de plus, choisi la version originale de 1863, avec le duo du troisième acte.
D.V.M.