Christine Brewer (Agathe), Sally Matthews (Ännchen), Simon O'Neill (Max), Lars Woldt (Kaspar), Martin Snell (Kuno), Gidon Saks (Un ermite). London Symphony Orchestra et Chorus, dir. Colin Davis (live 2012).
CD LSO Live LSO0726 (2 SACD). Distr. Culture Comm.
Tout comme pour les nombreux Berlioz qu'il a enregistrés une seconde fois dans les dernières années de sa vie, Colin Davis a éprouvé le désir de donner avec le London Symphony Orchestra une nouvelle version du Freischütz, qu'il avait d'abord dirigé pour Decca en 1990 avec l'Orchestre de la Staatskapelle de Dresde. Capté au Barbican Centre en avril 2012, ce concert constitue un des tout derniers témoignages de l'art de Davis, puisqu'une malencontreuse chute à Dresde allait quelques semaines plus tard mettre un terme définitif à sa carrière. Si le chef fait encore preuve ici d'une admirable science de la direction et témoigne de réelles affinités avec l'univers de Weber, son orchestre se situe bien en deçà de la formation saxonne, qui savait trouver des couleurs sombres et créer des atmosphères autrement plus envoûtantes. La déception est d'autant plus vive que la distribution présente bien peu d'attrait.
Bien que capable de pianissimi enchanteurs, Christine Brewer est handicapée par des aigus très tendus et ne parvient pas à convaincre du caractère juvénile d'Agathe. Ännchen trouve en Sally Matthews une chanteuse à la voix prématurément vieillie et bien peu séduisante, alors que le Kaspar de Lars Woldt laisse complètement indifférent. Le même constat s'applique à Simon O'Neill, affligé de surcroît d'un timbre nasillard et d'un grave inexistant. Seuls Martin Snell (Kuno) et le chœur procurent de vrais bonheurs vocaux, ce qui ne peut suffire à racheter cette version qui, en outre, est complètement amputée des dialogues. On reviendra donc au premier enregistrement de Davis ou, encore mieux, aux versions de référence de Joseph Keilberth (1958) ou Carlos Kleiber (1973).
L.B.