Christa Ratzenböck (Antigone), Vinzenz Haab (Œdipe), Stephens Roberts (Thésée), Joseph Cornwell (Polynice). Kantorei Saarlouis, La Grande Société Philharmonique, dir. Joachim Fontaine (2012).
CD CPO 777 825-2. Distr. DistrArt Musique.

Premier d'une série d'oratorios dramatiques auxquels Théodore Gouvy (1819-1898) consacra l'essentiel de son activité créatrice à partir de 1879, créé au Gewandhaus de Leipzig en 1881 avec un vif succès, Œdipe à Colone suit l'argument de l'opéra de Sacchini (1786), librement condensé et réécrit en prose. S'inscrivant dans la tradition gluckiste où la noblesse d'expression et la tendresse diaphane alternent avec d'âpres fulgurances, le langage de Gouvy est aussi marqué par l'influence de Mendelssohn, de Gounod et du Berlioz de L'Enfance du Christ. Sans rejeter Wagner, il en prend le contrepied et donne libre cours à une inspiration mélodique qui regarde discrètement vers l'Italie.

L'œuvre séduit davantage par ses qualités purement musicales que par sa force dramatique, malgré la conclusion foudroyante du premier acte et la violence pathétique du délire d'Œdipe. La grâce et l'aisance polyphonique du chœur d'entrée (comme celle de presque tous ceux qui suivront), la pureté attique de la marche religieuse, l'intensité du trio entre Œdipe, Thésée et Antigone, l'ardeur croissante du dialogue lyrique entre Antigone et son frère Polynice, sont des jalons qui relancent l'intérêt.

L'écriture vocale avenante sans être convenue, jamais ingrate, est servie par un quatuor de solistes assez engagé pour susciter des éloges sans réserves. De même pour l'ensemble vocal et l'orchestre. Certes, la prise de son qui joue avec la réverbération naturelle de l'église évangélique de Saarlouis magnifie l'ensemble, mais on sent à maints détails que Joachim Fontaine a placé au plus haut la barre de ses exigences : sa conviction emporte l'adhésion.

G.C.