Mariella Devia (Elisabetta), Mansoo Kim (Nottingham), Sonia Ganassi (Sara), Stefan Pop (Roberto Devereux), Alessandro Fantoni (Cecil), Orch. et Ch. du Teatro Carlo Felice, dir. Francesco Lanzillotta, mise en scène : Alfonso Antoniozzi (Gênes, 20/24 mars 2016).
DVD Dynamic 37755. Notice bilingue ital./angl., pas de synopsis. Distr. Outhere.
Tout juste après Madrid 2015 (DVD BelAir Classiques, lire ici), voici la seconde captation vidéographique de l'Elisabetta de Mariella Devia, à Gênes un an plus tard. L'incarnation est plus convaincante ici : si le bas-médium fait cruellement défaut et force la chanteuse à appuyer les graves plus que de raison, si le fiorito est systématiquement prudentissime et, partant, sans émotion (« Ah, ritorna qual ti spero » !), le panache de tout le reste de la tessiture, d'un chant altier et stylé, de nuances raffinées aussi, tient hautement son rang et dessine une souveraine impérieuse, cinglante souvent mais sensible dans ses moments d'abandon. Face à elle, Stefan Pop installe d'abord une impression favorable, timbre latin et émission châtiée, avant d'effondrer la cabalette de la scène de la Prison (pourtant bien commencée) dans une débâcle essoufflée ; même demi-mesure avec le Nottingham de Mansoo Kim, timbre assez gris qui s'en sort pourtant par un style assez idiomatique. Sonia Ganassi, dont le mezzo profond et rond s'épanouit sans frein dans l'écriture donizettienne, est une Sara pénétrée et expressive. Malgré la direction de Francesco Lanzillotta, qui suit Devia plutôt qu'il ne conduit la soirée - tempi qui dépérissent, orchestre sans vraie imagination -, les trois actes aboutissent à un « Vivi, ingrato » où la soprano s'investit soudain plus qu'à l'accoutumée puis à un « Quel sangue versato » franchement électrique, ce qui n'est pas rien.
On cherchera en vain la même électricité dans la mise en scène d'Alfonso Antoniozzi, qui voudrait jouer de l'immobilité comme d'un concept signifiant mais ne parvient pas à dépasser les poses figées et non habitées : disposés sagement dans un décor oppressif (Monica Manganelli) mais sans vie interne (lumières pauvres), engoncés dans des costumes opulents et rigides (Gianluca Falaschi), tous les interprètes, des choristes aux protagonistes, subissent à l'évidence le procédé bien plus qu'ils ne l'investissent et, le reste du temps, sont laissés à des postures « de chanteur » oublieuses de toute direction d'acteurs. On chérira donc le document pour une Devia plus royale qu'à Madrid, mais on n'y trouvera certes pas un théâtre égal à celui de la partition - sur ce plan, Roberto Devereux est un mal-aimé de la mise en scène, à moins d'aller chercher du côté de Munich 2005 (Haider/Loy avec Gruberova, DVD DGG).
C.C.