Gottlob Frick (Falstaff), Fritz Wunderlich (Fenton), Edith Mathis (Anna Reich), Ruth-Margret Pütz (Frau Fluth), Gisela Litz (Frau Reich), Ernst Gutstein (Herr Fluth), Kieth Engen (Herr Reich), Carl Hoppe (Cajus). Orch. et Chœur de l'Opéra d'État de Bavière, dir. Robert Heger (1963).
CD EMI Classics, Electrola Collection, 7 23536 2. Distr. EMI.

Ces Joyeuses Commères de Windsor aujourd'hui rééditées sont l'un des plus beaux fleurons de la collection d'opéras allemands de la première moitié du xixe siècle dont EMI confia dans les années 1960 la direction à Robert Heger et qui comprend notamment des œuvres de Lortzing et Flotow. À 76 ans, le chef traduit à merveille la grâce juvénile de cette partition et, s'il ne se montre pas toujours un maître du raffinement, il n'en fait pas moins scintiller de tous ses feux la phalange munichoise. Son équipe de chanteurs est tout simplement extraordinaire, à commencer par Fritz Wunderlich, Fenton superlatif dont les élans amoureux du deuxième acte atteignent à un rare degré de poésie, d'abord dans sa magnifique romance puis dans son duo extatique avec Edith Mathis. Cette dernière possède à la fois le timbre et la candeur convenant parfaitement à la jeune Anna Reich. Dans le rôle de sa mère, Ruth-Margret Pütz fait entendre une voix d'une exquise fraîcheur et d'une étonnante homogénéité sur toute la tessiture, qui offre le contraste adéquat avec l'autre commère, la contralto Gisela Litz. En plus des maris et autres comparses masculins qui se hissent tous à un excellent niveau, la distribution compte le superbe Falstaff de Gottlob Frick, qui campe un personnage peut-être moins truculent que profondément humain. La clarté de la prise de son ajoute au plaisir sans faille d'un enregistrement qui constitue une référence depuis maintenant cinquante ans.

L.B.