Julia Kleiter (Galatea), Christoph Prégardien (Acis), Wolf Matthias Friedrich (Polyphemus), Michael Slattery (Damon), Chœur NDR, Orchestre du Festival de Göttingen, dir. Nicholas McGegan (2008).

CD Carus 83 420. Notice en français. Distr. DistrArt Musique.Distr. DistrArt Musique.

Alors que sort une nouvelle version de l'Israël en Egypte de Haendel revu par Mendelssohn (Robert King, chez Vivat), nous parvient ce « premier enregistrement mondial » d'Acis révisé par le même. Beaucoup moins connue que sa réduction de la Passion selon saint Matthieu de Bach ou que les moutures mozartiennes d'Acis, du Messie, etc., cette partition hybride (1829), œuvre d'un jeune homme de vingt ans, révèle déjà tout ce qui va relier le futur auteur du Songe d'une nuit d'été au grand Saxon. On s'émerveille d'entendre combien les ravissantes mélodies bucoliques de l'Anglais (d'adoption) s'accommodent de la sensuelle orchestration de Mendelssohn, aux fort belles parties intermédiaires (clarinettes, altos, violoncelles), même si l'on regrette, dans les chœurs, l'usage trop systématique de la percussion et des trompettes qui, allié à celui de la langue allemande, donne un côté militaire à un ouvrage de pure poésie. Mendelssohn n'a pas opéré de transpositions vocales et ses coupures (modestes : second air de Galatée, quelques da capo) ainsi que l'instrumentation des récitatifs confèrent une plus grande unité au mask originel. A la tête de « son » Orchestre de Göttingen, parfaitement dans son élément, McGegan affiche ses qualités et défauts habituels - bonhomie, fraîcheur de l'approche compensant un manque de soutien (surtout dans les passages lents) qui tend à « désosser » l'œuvre. La distribution nous séduit par sa pertinence : si le médium de l'immense Prégardien s'est un peu terni, il n'en campe pas moins un Acis plein d'ardeur, avec lequel contraste le ténor plus clair de Slattery. Polyphème baryton, guère effrayant mais agile et précis, de Friedrich, Galatée radieuse et musicienne de Kleiter, chœur engagé et presque toujours convaincant (sauf dans le staccato du redoutable début de la Seconde Partie, l'une des pages les plus picturales de Haendel) : en bref, une fort jolie découverte !

O.R.