Sonia Ganassi (Rodelinda), Franco Fagioli (Bertarido), Paolo Fanale (Grimoaldo), Marina de Liso (Eduige), Antonio Giovannini (Unulfo), Gezim Myshketa (Garibaldo), Orchestra internazionale d'Italia, dir. Diego Fasolis (live, Martina Franca 2010).

CD Dynamic 7724/1-2. Notice en anglais et italien. Distr. Outhere.

On n'aura jamais trop de versions de Rodelinda (1725), le plus beau ou, du moins, le plus équilibré des opéras de Haendel - et qui peu à peu, depuis sa résurrection à Göttingen en 1920, a conquis les scènes internationales (mais pas encore celle de l'Opéra de Paris). En dépit de cette reconnaissance, l'œuvre reste assez mal servie au disque : les trois intégrales « baroqueuses » (Schneider, DHM, 1991 ; Kraemer, Virgin, 1998 ; Curtis, DG, 2008) apparaissent besogneuses, les divers témoignages Bonynge/Sutherland, exotiques, et la belle lecture de Priestman (Westminster, 1964, avec Stich-Randall, Forrester et Young !) n'a pas été rééditée. C'est pourquoi l'on était disposé à faire le meilleur accueil à cette captation sur le vif d'une production du Festival de Martina Franca de 2010. D'autant que c'est l'électrisant Diego Fasolis qui dirige, à sa façon incisive mais aussi un peu distante. Il est vrai qu'il est assez mal servi par un orchestre moderne et anonyme, dans une partition où compte le moindre détail d'orchestration. L'édition élaborée pour ce spectacle ne sacrifie pas trop de musique (quelques da capo et récits, et la sicilienne du rôle-titre), tout en laissant perplexe : pourquoi avoir taillé dans les deux accompagnatos de Bertarido et cependant rétabli l'un après l'autre ses deux airs de bravoure alternatifs ? C'est que Fagioli était, et reste, l'argument commercial de la production - fiévreux, frémissant, techniquement spectaculaire, en dépit de quelques trilles et vocalises martelés et d'une partie trop grave pour lui. En revanche, quelle drôle d'idée d'avoir confié Rodelinda à une mezzo-soprano précocement usée par d'écrasants rôles rossiniens ! Quand elle ne transpose pas (comme dans son premier air), Ganassi, qui court après son timbre et son souffle, fait peine à entendre. Le ténor Fanale affronte crânement la tessiture grave de Grimoaldo mais se contente de trompeter son rôle (une nuance, une couleur), tandis que la basse Myshketa ne se montre guère scrupuleuse avec la mesure. Nettement plus probants s'avèrent le contre-ténor Antonio Giovannini et, surtout, la mezzo Marina de Liso (dont le second air a été déplacé). Une version très disparate, donc, dont on espère qu'elle ne dispensera pas Fasolis (ou l'un de ses collègues) de nous offrir, enfin, une Rodelinda "de référence"...

O.R.