DVD Dynamic 37676. Notice et synopsis en italien et anglais. Distr. Outhere.
La rare Giovanna d'Arco (1845) a sa captation de référence : la production de Werner Herzog à Bologne en 1990, sous la direction de Riccardo Chailly (avec Susan Dunn, Vincenzo La Scola et Renato Bruson). Ce nouveau DVD ne pâtit pourtant pas de la comparaison, en dépit de moyens scénographiques clairement économes et d'un chœur en défaut de justesse à son entrée - effet peut-être du vent intense soufflant sur le Palais Ducal de Martina Franca, d'autant plus visible que ladite scénographie s'appuie sur moult voilages et drapés. Jessica Pratt n'en paraît pas le moins déstabilisée, qui délivre une Giovanna au chant constamment bien mené - fiorito ciselé, aigus délicats quand il le faut et contre-notes sans effort : un style châtié, et un timbre à la blondeur pulpeuse qui n'est pas sans rappeler celui de June Anderson. On décerne un fier « Cocorico ! » au Carlo de Jean-François Borras, à l'italianità racée, au chant sans faute de goût ni faiblesse technique : une leçon, pour un Carlo qui reste belcantiste avant tout. En Giacomo, Julian Kim réalise aussi une belle performance, idiomatique et tenue. Créditons Riccardo Frizza, outre sa direction efficace et attentive aux artistes, d'avoir su réunir l'Américaine, le Français et le Coréen dans une même vision de la vocalité verdienne, exigeante de précision, de rigueur et d'écoute : le trio a cappella est un modèle, comme tous les ensembles avec chœur, comme la moindre cadenza à deux ou les cabalettes (péché mignon et gros défaut de cette partition), jamais bâclées mais jamais essoufflées - simplement cavalcadant comme il se doit. Toute l'anticipation de Macbeth (jusque dans les chœurs démoniaques ou célestes et les pages orchestrales aux bois maléfiques) s'entend dans une direction vive et colorée, et une mise en place précise mais électrique.
On regrettera évidemment que le théâtre ne soit pas au niveau de cette réalisation musicale. La disposition des phalanges, inhérentes au Festival de Martina Franca, relègue les chœurs en marge - parfois avec partition : un petit effort supplémentaire de mémorisation n'aurait pas nui à l'effet d'ensemble ! La direction d'acteurs de Fabio Ceresa se contente de disposer les interprètes sur le plateau, dans une scénographie a minima, vaguement médiévisante. Ce serait pourtant une erreur de négliger cette vidéo, qui documente une soirée musicale comme il y en a, ma foi, peu sur les terres verdiennes : soignée et digne - honorable, au plus beau sens du mot. Et qui se distingue dans le catalogue trop souvent décevant du label Dynamic.
C.C.