Spas Wenkoff (Tristan), Siv Wennberg (Isolde), Peter Meven (Marc), Björn Asker (Kurwenal), Lennart Stregärd (Melot), Anne Wilkens (Brangaine), Raymond Bjöling (Un pilote). Orchestre Symphonique de Norrköping, dir. Franz Welser-Möst (Stockholm, live 15 octobre 1988).

CD Sterling CDA-1690/1692-2. Distr. Distrart Musique.

Voici le deuxième coffret que Sterling consacre à la soprano suédoise Siv Wennberg. Son Impératrice avait séduit notre ami Christian Merlin (lire ici). Son Isolde nous a conquis, par la voix, à l'acier puissant, par la technique, infaillible, par l'interprétation : une vraie Isolde, victorieuse jusqu'à la dernière mesure des difficultés du rôle, aussi pertinente dans la colère que dans l'amour, furieuse ou frémissante, assez proche de sa compatriote Nilsson, finalement. Qui aurait à craindre aujourd'hui ce vrai soprano wagnérien ? Oui, suivez notre regard... A soixante ans, certes diminué, le solide Spas Wenkoff assure encore, du début à la fin lui aussi, mais il n'aura jamais pu se mesurer à un Windgassen ou à un Vickers, avec une agonie où manque une dimension. Anne Wilkens remplace Sylvia Lindenstrand : si la Brangaine de la belle version Goodall n'a pas la plus belle voix qui soit, sa présence et son tempérament en font, plus qu'une suivante, un double d'Isolde. La vaillance du Kurwenal de Björn Asker n'est pas rusticité ; Peter Meven manque en revanche de relief en Marke. Sans se classer parmi les références, ce Tristan se situe haut, notamment grâce à un Franz Welser-Möst de vingt-huit ans, d'une maturité déjà affirmée, qui a le sens du drame et de la forme ; à la tête d'un excellent orchestre, sa direction, très limpide, assez rapide, fait parfois penser à Karl Böhm. Il y avait de l'électricité dans l'air ce 15 octobre 1988 à Stockholm.

D.V.M.