Nikolai Schukoff (Sándor Barinkay), Claudia Barainsky (Saffi), Jochen Schmeckenbecher (Zsupán), Khatuna Mikaberidze (Czipra), Heinz Zednik (Carnero), Markus Brück (Homonay), Jasmina Sakr (Arsena), Paul Kaufmann (Ottokar/Pali), Renate Pitscheider (Mirabella). Radiophilarmonie et Chœur de la NDR (Hanovre), dir. Lawrence Foster (2015).

CD Pentatone PTC 5186 482. Distr. Outhere.

En provenance de Hanovre, cette nouvelle intégrale du Zigeunerbaron possède comme premier atout la direction étincelante de Lawrence Foster qui, à la tête de la Radiophilarmonie de la NDR, révèle d'évidentes affinités avec l'atmosphère délicieusement enivrante de Johann Strauss. Irrésistible d'énergie, de joie de vivre et de tendresse, son orchestre se hisse à un très haut niveau d'excellence, de même que le chœur, admirable à tout point de vue.

Notre enthousiasme descend toutefois d'un cran face à une équipe de chanteurs aux mérites très divers. La palme revient sans contredit à Khatuna Mikaberidze, dont le timbre opulent de mezzo-soprano et l'assurance vocale font merveille en Czipra. Dans le registre comique, le baryton Jochen Schmeckenbecher compose un Zsupán à la fois truculent et bien chantant. Renate Pitscheider est très adéquate en Mirabella, tout comme Paul Kaufmann en Ottokar. Peu importe que Heinz Zednik n'ait plus guère de voix, son Carnero est désopilant. Mais la petite voix pointue de Jasmina Sakr rend le personnage d'Arsena assez insipide, tandis que Markus Brück manque singulièrement de classe en Homonay. En raison d'une voix qui bouge beaucoup et d'aigus laborieux, Claudia Barainsky est mise à rude épreuve dans le rôle de Saffi, et ce, dès son air tzigane du premier acte. Doté d'un timbre rappelant celui de James King, le ténor autrichien Nikolai Schukoff est un Sándor bien fruste dont la voix pleine d'aspérités n'arrive pas à donner de véritables demi-teintes.

Voilà en somme bien des bémols pour une version superbement dirigée qui, n'eût été une distribution fâcheusement déséquilibrée, aurait peut-être pu se mesurer aux grandes réussites d'Otto Ackermann (1954), Clemens Krauss (1951) ou Nikolaus Harnoncourt (1994).

L.B.