Annely Peebo (Lel), Vsevolod Grivnov (Broussila), Chœur et Orchestre symphonique de la Radio MDR Leipzig, dir. Kristjan Järvi (live, 7 septembre 2014).

CD Sony 88875176562. Distr. Sony.

La Fille des neiges imaginée de concert par Ostrovsky et Tchaïkovski pour répondre à une commande du Bolchoï, qui la créa le 23 mai 1873, reste un des opus pour le théâtre les plus méconnus. Injustice ! Cette musique de scène, entre verve populaire et imagerie poétique, est de bout en bout une collection de merveilles qui n'encombre pas les catalogues discographiques. Avec la nouvelle venue, cinq versions qui n'ont jamais égalé, malgré les splendeurs plus (Provatorov) ou moins (Christiakov) dispensées par la stéréophonie, la toute première, gravée en 1948 avec les forces de la Radio de Moscou par Alexander Gauk, conte enivrant où brillaient deux chanteurs fabuleux, Zara Dolukhanova et Anatoly Orfenov - Igor Bespalko alternant sa clarinette et sa clarinette-basse, dont Tchaïkovski fait le troisième personnage de son opéra miniature.

Krystjan Järvi se souvient des tempos et de l'humeur que son père Neeme mettait dans son enregistrement de Detroit, avec une pointe de fantaisie en plus et quelque chose d'improvisé qui saisit bien l'esprit du conte. Il neige dans son orchestre, mais il y fait aussi grand soleil, le récit y est la fantaisie aussi, mais son chœur mâchonne la langue russe et si Annely Peebo compose un Lel aussi opulent qu'attachant - il ne faut pourtant pas lui comparer le chant alerte et angélique de Dolukhanova -, Vsevolod Grivnov, en voix fruste, dépare l'ensemble : il suffit d'entendre le ténor miellé d'Orfenov pour comprendre qu'ici la verve populaire sonne plus charmante que grossière. Dommage, le concert est beau et la clarinette, magique. Qui la joue ?

J.-C.H.