Naxos 8.660372-73. Livret italien téléchargeable sur le site de Naxos. Distr. Outhere.
Ce premier enregistrement mondial d'Adelina de Pietro Generali (1773-1832) permet de mieux connaître le paysage lyrique italien au moment précis où Rossini entame sa fructueuse carrière. Ce bref melodramma sentimentale fut en effet créé en septembre 1810, au San Moisè de Venise, théâtre où le jeune prodige de Pesaro fit ses débuts moins de deux mois plus tard avec La cambiale di matrimonio, sur un livret du même Gaetano Rossi. Bien oublié de nos jours, Generali a pour sa part étudié à Rome et à Naples avant de composer plus de cinquante opéras, dont Pamela nubile (1804), qui lui valut la consécration internationale ; il dirigea en outre le Teatro de la Santa Cruz de Barcelone et le Teatro Carolino de Palerme, puis fut finalement maître de chapelle à la cathédrale de Novare.
Bref ouvrage d'une heure trente et comptant huit numéros, Adelina tire son origine du « drame lyrique » Lisbeth (1797) de Grétry, lui-même inspiré de la « nouvelle savoyarde » Claudine (1792) de Florian. Après le succès retentissant des représentations vénitiennes, l'œuvre fut jouée au Théâtre-Italien en 1812 et à La Scala en 1816, avant de quitter les affiches en 1837. Pour le moins convenue, l'intrigue montre les affres d'une jeune fille qui, abandonnée par son amoureux, est rejetée par son père lorsqu'elle avoue avoir donné naissance à un enfant. Grâce à l'intervention providentielle de Simone, instituteur et ami de la famille, le père renonce à ses principes moraux inhumains tandis que, sur ces entrefaites, l'amant revient pour épouser Adelina. Musicalement, on croirait souvent entendre du Rossini, en particulier dans les crescendos orchestraux et dans l'écriture virtuose des airs d'Adelina et d'Erneville. Si l'on excepte l'émouvant air d'entrée du rôle-titre, la partition suscite un intérêt de curiosité, sans jamais pouvoir réellement nous envoûter par une fibre mélodique inoubliable.
Écho du spectacle donné en juillet 2010 dans le cadre du petit théâtre de cour de Bad Wildbad, ce coffret réunit une équipe pleine de bonne volonté, mais malheureusement dépassée par les exigences de Generali. Des six jeunes chanteurs, on retiendra le baryton Gabriele Nani, aux moyens prometteurs et interprète sensible de Varner, père d'Adelina. À la tête d'un orchestre souvent imprécis dans les attaques et parfois en décalage avec les solistes, Giovanni Battista Rigon réussit à insuffler du tonus à une exécution plutôt scolaire qui donne malgré tout envie de découvrir d'autres œuvres du compositeur.
L.B.