Geneviève Moizan (Léonore), Denise Scharley (Azucena), Raphael Romagnoni (Manrique), Charles Cambon (le Comte), Adrien Legros (Ferrando), Yvette Darras (Ines), Pierre Roi (Un bohémien), Orchestre et Chœur de la RTF, dir. Jules Gressier (retransmission du 08.X.1954).
CD Malibran MR 785. Distr. Malibran.
De cette version d'Il trovatore de 1856 adaptée par Emilien Pacini et quelque peu élaguée ici, notamment de son ballet, on connaissait la gravure historique de 1912 dominée par l'Azucena de Ketty Lapeyrette, fort bien entourée par le ténor Fontaine et le Comte de Noté. La captation du festival de Martina Franca 1998 valait, elle, pour la Bohémienne campée par Sylvie Brunet, seule voix française de la distribution. Dans les années cinquante, il revient à la radio nationale de sauver ce qui peut l'être de cette mouture du mélodrame verdien lestée d'une traduction ingrate et longtemps délaissée par nos scènes lyriques. Le valeureux Jules Gressier dirige en bon père de famille une brochette de nos chanteurs une fois encore valorisée par une Azucena de belle prestance en la personne de Denise Scharley, mezzo considérable dont les micros ne captent qu'une partie du spectre sonore. Faut-il leur attribuer de surcroît les inflexions roturières et les cris affectant la cabalette et les élans de Geneviève Moizan dans le trio du I, quand par ailleurs elle déroule un phrasé de belle tenue ? Ces dames surclassent en tout cas le Manrique étroit de Romagnoni, affronté aux vénérables mais prosaïques Legros et Cambon que l'on dirait attentifs à détailler Gounod ou Massenet. Les qualités intrinsèques des uns et des autres ne sont pas en cause mais avouons que ce Trouvère acclimaté au grand-opéra à la française, en un temps où le genre ne peut plus s'offrir la grandiloquence de l'âge d'or, vous a des airs de parodie appliquée.
J.C.