On parle souvent de la censure qui frappait les opéras de l'Ottocento en amont de leur création, comme au moment de leurs premières représentations, ou même de leurs reprises. Bien que destiné à un lectorat italophone, l'ouvrage de Gabriele Moroni vient éclairer les pratiques de censure d'un Etat à l'autre de la Péninsule, d'une ville à l'autre pour une même œuvre (Un ballo in maschera par exemple), et d'un titre à l'autre du corpus verdien - les réapparitions d'un ouvrage sous de nouveaux noms, tous plus éloignés de l'original, étant un des symptômes les plus cocasses d'un phénomène qui ne se privait pas d'édulcorer profondément ces livrets auxquels le compositeur tenait pourtant si fermement. Que ce volume soit édité à compte d'auteur ne doit pas inquiéter : Gabriele Moroni, qui enseigne l'histoire de la musique au conservatoire de Pesaro, est un habitué des éditions musicales italiennes et des colloques scientifiques. Il signe ici un ouvrage qui constituera un outil fort utile au musicologue verdien pour mieux prendre la mesure de la malléabilité des œuvres lyriques au moment de leur création - leur réception par le public étant à réétudier à cette lumière, que méconnaissent nos temps amoureux de l'authenticité et de l'édition critique.
C.C.