CD Arcodiva 0140-2 612. Notice en anglais. Distr. Outhere.
Fallait-il exhumer ce tout premier essai lyrique de Dvorak ? Que l'on peine à discerner, ici, la veine enchanteresse qui illuminera Le Jacobin, Rusalka ou Les Chemises de noces ! Est-ce dû au livret de Körner, tardif avatar de la « pièce de sauvetage alla Fidelio », à l'emploi de la langue allemande ou au défaut d'inspiration d'un compositeur tout juste trentenaire ? Daté de 1870, jamais représenté du vivant de Dvorak, l'ouvrage - accumulation de poussifs récits ponctués d'accords tonitruants aux cuivres, de formules cadentielles et de trémolos de cordes - pourrait sortir de la plume du pire épigone de Wagner. Il faut attendre les deux derniers actes et l'apparition du rôle-titre pour que, le temps d'une romance (acte II) et d'une prière (III) convenues, le lyrisme, façon Wolfram dans Tannhaüser, perce la gangue du poncif. Le drame, qui se déroule dans l'Angleterre du IXe siècle, avait déjà inspiré un vaste mask à Thomas Arne (c'est de cet Alfred de 1740 qu'est issu « Rule Britannia») et trouvera encore quelques échos dans la Gwendoline (1886) de Chabrier : il conte la victoire du roi saxon Alfred le Grand sur les Danois conduits par Harald. Entre le méchant Harald, qui est ténor (très germanique, sec, efficace mais serré, ici) et le gentil Alfred, baryton (fade et ténorisant), balance le cœur de la fière Alvina (une soprano à l'insupportable voix de petite fille). Förster conduit le tout avec diligence, fougue et en faisant beaucoup de bruit : même si les applaudissements fusent à la fin, cette rareté est à réserver aux curieux impénitents.
O.R.