Misha Didyk (Hermann), Tatiana Serjan (Lisa), Larissa Diadkova (la Comtesse), Alexey Shishlyaev (le Comte Tomski/Zlatogor), Alexey Markov (le Prince Yetelski), Oksana Volkova (Pauline/Molovzor), Vadim Zaplechny (Chekalinski), Tomasz Sławiński (Sourine), Anatoli Sivko (Naroumov), Mikhail Makarov (Tchaplitski), Olga Savova (la Gouvernante), Pelageya Kurinaya (Prilepa), Chœur et Orchestre de la Radio bavaroise, dir. Mariss Jansons (live 2014).
BR Klassik 90012915. Distr. Harmonia Mundi.

 

C'est un concert donné à Munich en 2014. Mais on retrouvera en juin 2016, à Amsterdam, le chef, Hermann et la Comtesse, pour une production de Stefen Herheim. Si l'on peut espérer le DVD, jugeons d'abord le disque. Le premier acte déçoit : Mariss Jansons dirige un des plus beaux orchestres dont on puisse rêver, par le sens du détail, la beauté absolue de la pâte sonore, mais la tension manque, la musique peine à avancer. Au lieu de laisser pressentir la folie d'Hermann, la direction opte pour une sorte de mélancolie que l'on associerait plutôt à Eugène Onéguine. Cela change ensuite : le chef prend progressivement ses marques et la mesure de la tragédie. Certes on connaît versions plus hallucinées, du côté des Russes du passé en particulier, mais qui résisterait à tant de splendeur, dans l'Introduction du troisième acte, par exemple ? Nous ne tenons pas, néanmoins, une référence : Misha Didyk, pour entrer dans la névrose d'Hermann, se soucie peu de style et de phrasé, opposant un expressionnisme débraillé à la maîtrise absolue de Jansons. Dommage : très investie dramatiquement, la Lisa de Tatiana Serjan, elle, modèle sa ligne, du moins jusqu'à un aigu souvent approximatif, peut-être seulement un peu trop mûre, un peu trop opulente pour le rôle. N'attendons pas de Larissa Diadkova une Comtesse en lambeaux : la voix est toujours là et tient le coup. C'est la caractérisation qui fait défaut : la mezzo russe reste assez plébéienne et échoue à créer un vrai personnage de tragédie. Rien à dire, sinon du bien, des rôles secondaires, avec, en tête, le Yetelsky de noble allure d'Alexey Markov. Malgré de très grandes qualités, cette Dame de pique est trop inégale pour rejoindre les versions prioritaires.  

D.V.M.