Isabel Leonard (l'Enfant), Paul Gay (le Fauteuil / l'Arbre), Yvonne Naef (Maman / la Tasse chinoise / la Libellule), Anna Christy (le Feu / la Princesse / le Rossignol), Elliot Madore (l'Horloge comtoise / le Chat), Jean-Paul Fouchécourt (la Théière / le Petit Vieillard / la Rainette), Kanae Fujitani (la Bergère / la Chauve-Souris), Chœur et Orchestre du Festival Saito Kinen, Seiji Ozawa (live 2013).
CD Decca 478 6760. Distribution Universal.
Hélène Hébrard (l'Enfant), Delphine Galou (Maman / la Libellule / la Tasse chinoise), Julie Pasturaud (la Bergère / la Chatte / l'Ecureuil / Un pâtre), Jean-Paul Fouchécourt (la Théière / le Petit Vieillard / la Rainette), Marc Barrard (l'Horloge comtoise / le Chat), Nicolas Courjal (la Chauve-souris / la Chouette / Une pastourelle), Annick Massis (le Feu / la Princesse / le Rossignol), Chœur Britten, Jeune Chœur symphonique, Maîtrise de l'Opéra national de Lyon, Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (2013).
CD Naxos 8.660336. Distribution Outhere.

 

Les versions se suivent et ne se ressemblent pas : difficile d'imaginer deux Enfant et les sortilèges - enregistrés la même année, en 2013 - aussi opposés. A Matsumoto, Seiji Ozawa dirige d'abord une œuvre pour orchestre, allant très loin dans l'exploration des lignes et des timbres. La plasticité virtuose de Ravel a rarement été restituée à ce degré - et comme les rythmes sont souples... Tout est peaufiné, ciselé, jusqu'au moindre détail. Un régal... Mais pour que nous entendions vraiment la « Fantaisie lyrique » sur le livret de Colette, il faudrait des chanteurs plus idiomatiques. La plupart jouent davantage la carte de l'opéra traditionnel, à commencer par l'Enfant d'Isabel Leonard, plutôt un Chérubin, sans chercher à percer le secret de la déclamation ravélienne et de la poésie du texte. Même les Français ne sont pas toujours idéals : si Jean-Paul Fouchécourt reste impayable, le Fauteuil de Paul Gay, par exemple, pèse trop lourd. Tout cela ne fait pas un ensemble, encore moins un esprit.

Le rapport s'inverse avec Leonard Slatkin à Lyon. Malgré ses mérites, la phalange lyonnaise semble paradoxalement moins ravélienne que l'orchestre nippon : la sonorité et la prise de son manquent de clarté analytique, tout est trop enveloppé, voire brumeux. La direction n'avance pas sur des pointes comme celle d'Ozawa, elle paraît statique, parfois même épaisse. Mais, cette fois, les chanteurs sont impeccables : partout la comparaison penche en faveur de Lyon. On n'entend pas toujours, autour de l'Enfant très juste d'Hélène Hébrard, Fauteuil aussi souplement nuancé que celui de Nicolas Courjal, Feu aussi peu rossignol pointu que celui d'Annick Massis, vraie Princesse ensuite, Horloge comtoise aussi bien chantante que celle de Marc Barrard... Si l'on pouvait mixer la direction d'Ozawa et les chanteurs de Slatkin...

Les compléments ? A une Ma mère l'Oye lyonnaise un peu paresseuse, on préfère la sensuelle Shéhérazade sensuelle de Susan Graham et Ozawa, qui dirige ensuite l'Alborada del gracioso.

D.V.M.