Claudine Collart (Dora), Lina Dachary (Antoinette), Gabrielle Ristori (Crème fouettée), Aimé Doniat (René), Joseph Peyron (Frontignac), Lucien Huberty (le Commandant), Bernard Demigny (Saint-Chamas), orchestre non précisé, dir. Marcel Cariven (1961).
Claudine Collart (Gritly), René Lénoty (Franz), Camille Maurane (Berthold), Orchestre de Radio Lille, dir. Marcel Cariven (1958).
CD Malibran MR 770. Pas de notice. Distr. Malibran.

 

Si la radiodiffusion nationale a produit, des années 1950 aux années 1970, quantité d'enregistrements de grande valeur qui ont permis de découvrir de nombreux ouvrages d'Offenbach, force est de constater que l'éditeur Malibran n'a pas eu la main heureuse en proposant la réédition de cet enregistrement de La Créole qui date de 1961. L'œuvre, en effet, ne compte pas parmi les plus réussies du musicien, loin de là. Créé en 1875 aux Bouffes-Parisiens pour mettre en valeur le talent d'Anna Judic, cet opéra-comique en trois actes comprend certes de belles pages ; Offenbach, confronté aux succès de son rival Charles Lecocq, y délaisse en partie la bouffonnerie pour le demi-caractère. Mais l'ouvrage pâtit d'un livret médiocre d'Albert Millaud et son évocation des îles est tributaire de tous les poncifs racistes du temps (voir la chanson créole de Dora, l'héroïne, et son charabia « Ma t'aimé, ma zamais te quitter »). De surcroît, l'ouvrage est présenté ici dans la version qu'Albert Willemetz et Georges Delance ont conçue en 1934 pour Joséphine Baker - version très insatisfaisante qui lui ôte le peu d'intérêt qui lui restait. Aussi l'enregistrement de 1961 est-il très daté et parfois pénible à écouter tant l'esprit d'Offenbach en est absent. Une telle réédition ne s'imposait vraiment pas.

Heureusement, Le 66, qui complète le coffret, offre un plaisir bien plus grand, même si l'œuvre est de dimensions modestes. Certes, cette opérette sur un livret de Pittaud de Forges et Laurencin, créée aux Bouffes-Parisiens en 1856, n'est qu'une bluette aux tons pastel dont l'intrigue tourne autour d'un billet de loterie gagnant. Cependant, telle qu'elle est interprétée dans cet enregistrement de 1958, au premier degré et sans ironie, l'œuvre ne manque pas de fraîcheur et les mésaventures du chanteur ambulant Frantz, de sa cousine Gritly et du colporteur Berthold peuvent à la fois émouvoir et divertir. On notera en particulier l'air d'entrée du colporteur, très réussi et bien mis en valeur par Camille Maurane. C'est pour Le 66 que ce coffret mérite le détour et non pour une Créole à vite oublier.

J.-C.Y.