CD Dynamic 7677/1-3. Notice en anglais & italien. Distr. Outhere.
Enrichis, parvenus, Lupino et sa sœur Cintia ne veulent plus rien avoir à faire avec leur milieu d'origine ; ils répudient leurs amis paysans et, se piquant de noblesse, envisagent d'épouser des aristocrates... Tenant le milieu entre les opéras bouffes de Pergolèse sur des livrets de Gennarantonio Federico (Il Flaminio, Lo frate'namorato) et ceux de Galuppi sur des textes de Goldoni (Il filosofo di campagna, L'Arcadia in Brenta), cette Ambition déjouée (1742), composée deux ans avant sa mort par Leo, présente une originalité de taille : tous les personnages en sont des roturiers (même si certains se font passer pour baron et baronne). Néanmoins, l'ineffable Leo n'hésite pas à leur confier, à côté de quelques chansons napolitaines et morceaux syllabiques, de sublimes cantilènes pâmées typiques de son style (« Io son qual peregrina », « Legata è la colomba ») ainsi que des airs de bravoure au parfum cynégétique (« Nel cupo seno », « Fra gli orrori »). La musique, qui joue de la juxtaposition des genres plutôt que du second degré (plus tard de mise), continue ainsi à privilégier les arias solistes au détriment des ensembles et finales, encore fort brefs.
Malheureusement, nos interprètes n'ont pas les épaules assez larges pour en assumer les exigences : orchestre de bric et de broc, direction hâtive, voix (deux sopranos, une mezzo, deux altos, un ténor et un baryton) petites ou mal placées... On ne retiendra de ce naufrage que l'émouvante contralto Federica Carnavale (incarnant un pathétique rôle travesti) et, dans une moindre mesure, la pétulante soprano Filomena Didati (en servante très au fait des bonnes manières). A noter que, comme cela devient malheureusement de règle, le livret (en italien et anglais) est à télécharger sur le site... Deux autres comédies en musique de la même eau et du même auteur, mais un peu mieux servies, sont disponibles en CD : Amor vuol sofferenza (pareillement capté au Festival de Martina Franca, Nuova Era, 1995) et L'Alidoro (Dynamic, 2008).
O.R.