Kristina Naudé (Hänsel), Annette Dasch (Gretel), Giedré Povilaityté (la Sorcière), Jörg Gottschick (le Père), Martine Hamberg-Moebius (la Mère), Akiko Hayashida (le Marchand de sable), Bini Lee (le Bonhomme de rosée), Inboccaluppo-Orchester und Kinderchor, dir. Andreas Schüller, mise en scène et décors : Heinrich Horstkotte (Salzbourg 2009).
DVD Belvedere 10131. Distr. Harmonia Mundi.

 

Le merveilleux travail effectué depuis plus de 100 ans désormais par le Théâtre de marionnettes de Salzbourg vaut qu'on profite d'un passage dans la ville natale de Mozart ou de ses nombreuses tournées internationales pour s'y confronter avec un plaisir réel et garanti. Mais il passe relativement mal à l'écran, dès lors qu'on nous le montre en gros plan. La distance maintenue entre la scène et le spectateur dans le petit théâtre installé près du Mozarteum disparaît alors, et si l'animation demeure ravissante, certes, l'expression de ces visages de bois figés et par trop uniformes finit hélas par lasser rapidement.

L'action du conte, elle, est parfaitement conforme à la tradition : petit lapin, écureuil mutin et renard gras en bonus sont délicieux, tout comme ces gâteaux à jambes effectuant des entrechats. Et s'y ajoutent - pour adultes cultivés - de délicieux clins d'œil historiques. Avant de se métamorphoser en Walkyrie borgne, la Sorcière ressemble d'abord à Cosima Wagner, dont l'époux trônait déjà en portrait chez le Père marchand de balais. Et la maison de pain d'épices est tout simplement une réplique explosive du Festspielhaus de Bayreuth. Allusions amusantes à la jalousie que ressentit la vestale wagnérienne face à un compositeur dont l'univers créatif fut mieux accueilli du public que celui de l'héritier légitime Siegfried Wagner.

Reste l'interprétation musicale, parfaitement recommandable. Son charme sirupeux est tout à fait digne de s'inscrire au rang des nombreuses réussites de la discographie sans y ajouter pour autant un pan indispensable. Au premier plan, Annette Dasch s'y montre à son plus rayonnant (on est en 2009, que n'a-t-elle encore pareil charisme vocal dans ses apparitions berlinoises ou dans son Elsa de Bayreuth !). Le reste de la distribution (du charmant Hänsel de Kristina Naudé au superbe timbre du Père de Jörg Gottschick comme à la Sorcière tonitruante de Giedré Povilaityté) est tout aussi délicieusement investi, avec le support efficace de la baguette enjouée d'Andreas Schüller. Du nanan pour grands (et petits) enfants.

On oublie le plus important : la recette du pain d'épices. Mais ce n'est sans doute pas celle de la Sorcière originale : il faut ici un four à chaleur tournante pour l'exécuter...

P.F.