CD Signum Classics 417. Notice en anglais. Distr. UVM Distribution.
Alors que la discographie de Dido & Aeneas frise les cinquante références, il est bien difficile pour une nouvelle venue de s'imposer à l'attention. Celle-ci ne manque pourtant pas d'atouts, en termes purement vocaux : la voix chaude, au grave dense, de la mezzo Rachael Lloyd rend justice aux deux lamentos principaux de Didon, mais elle paraît en revanche trop lourde et vibrée ailleurs, notamment dès qu'une vocalise se profile (dans la scène de l'orage, par exemple). Même profil concernant le baryton Robert Davies, séduisant de timbre mais assez pataud dans son monologue de la fin de l'acte II, tandis que le contre-ténor qui tient le rôle de la Magicienne se montre plus expressif que séduisant (ce qui ne dénature pas le rôle). La Belinda fine d'Elin Manahan Thomas contraste joliment avec la Seconde Dame plus corsée d'Eloise Irving, mais avoir confié le rôle du Marin ivre au timbre éraillé du violoniste (!) Miles Golding s'avère une fausse bonne idée. Tout ce beau monde, soutenu par quelques ténors et basses, se montre plutôt probant dans les chœurs (à huit voix), notamment dans le thrène final. Mais il manque ici un chef (et pas seulement un claveciniste) - qui sache varier les climats et les rythmes, mettre en valeur la rhétorique du texte comme de la partition, éviter les fautes de goût (les ricanements pleins d'air des Sorcières...), discriminer les récits des passages plus mélodiques, faire monter ou redescendre la tension, etc. Et il manque aussi un « orchestre », non seulement parce que sept musiciens, c'est bien maigre pour un opéra aussi polychrome, mais surtout parce que leur jeu manque de lyrisme et de liberté (qu'ils sont râpeux, les deux violons de l'Ouverture !). Bref, une version minimaliste, comme il y en a déjà beaucoup...
O.R.