CD Glossa GCDC80016. Distr. Harmonia Mundi.
Dans le sillage du Bajazet qu'elle vient de publier, la firme Glossa ressuscite ce disque consacré au même compositeur par les mêmes interprètes, d'abord paru chez Symphonia en 2004 (au passage, nous y gagnons la traduction en français de la notice). Francesco Gasparini (1661-1727), auteur d'un fameux traité de clavecin, rival de Vivaldi sur les scènes vénitiennes puis successeur de Caldara auprès du prince Ruspoli à Rome, y est représenté par deux œuvres fort dissemblables : une cantate pastorale dans le plus pur style arcadien, Dori et Daliso (Rome, 1716) ; et un intermède bouffe - ou plutôt trois intermezzi regroupés sous le même titre, dont le second est d'ailleurs attribué à Giovanni Bononcini -, Mirena e Floro (Dresde, 1718). Musique aimable, mélodieuse et subtile pour la cantate, confrontant un futur couple de bergers au fil de quatre arias et d'un duo ; partition plus purement théâtrale, fragmentée, parodique pour l'intermezzo - sous-titré La Naine, le Français et l'Arménienne ! -, où les duos d'onomatopées, scènes de genre (accents étrangers entraînant erreurs de prosodie et claudications rythmiques, usage de la voix feinte, etc.) et pastiches (d'airs de cour français, notamment) priment sur le bel canto. En une douzaine d'années, les qualités et faiblesses de l'ensemble Auser Musici sont restées les mêmes : si la cantate se distingue par son élégance et son émotion discrète (touchant « Pensa il mio core » chanté par Sciannimanico), l'intermezzo manque incontestablement de folie, de rythme, de panache. L'usage ponctuel du flautino et d'un hautbois ricanant ne suffit pas à insuffler la verve et les couleurs qui, en l'absence de la scène, manquent à cette pochade, notamment quand la parole est offerte au très sage baryton (dont les imitations de la « naine », le falsetto et l' « air du rire » restent bien timides). En revanche, l'on admire de bout en bout la voix charnelle, richement timbrée et la diction mordante d'Elena Cecchi Fedi, déjà remarquée dans divers opéras dirigés par Alan Curtis.
O.R.