CD Naxos 8. 660369-71. Distr. Outhere.
La discographie de La Pie voleuse n'est pas si riche qu'il faille snober cet enregistrement sur le vif réalisé en 2009 au courageux festival Rossini de Bad Wildbad, qui plus est sous la baguette d'Alberto Zedda, artisan de l'édition critique de 1979 et de la redécouverte de ce délicat opera semiseria. La gravure que ce maestro d'exception en proposait dans la foulée en cette même année 1979, avec un plateau d'une belle tenue (Rosetta Pizzo, Pietro Bottazzo, Alberto Rinaldi, Angelo Romero, éd. Cetra) devait longtemps être la seule. La présente la prolonge sans vraiment la surclasser. Pointons d'entrée de jeu la faiblesse insigne des cordes et du chœur ici convoqués, déjà relevée à propos d'une Semiramide captée en ces lieux et, plus généralement, talon d'Achille récurrent des prestations du chef musicologue. Un relatif défaut de carrure dans la conduite de l'ensemble, par ailleurs objet de tous les soins du concertatore-direttore, subtil et amoureux des mélismes belcantistes comme personne, peut ici gêner. La charmante Ninetta de ce Fidelio rossinien, Maria José Moreno, sans prétendre à la plénitude d'une Teresa Belloc créatrice du rôle mais foncièrement mezzo, en épouse le charme mutin comme la vulnérabilité et le discret pathétique, un soupçon trop légère de timbre et de projection toutefois. Son amoureux pèche, lui, par une gestion problématique du suraigu, traître à l'épanouissement d'un timbre pourtant bien frappé et sonore. Ce sont en fait les deux basses qui ne tiennent pas les promesses de leur nom. Pour le vétéran Pratico c'est un peu tard, la voix, fibreuse, ne répondant plus qu'imparfaitement aux excellentes intentions de l'artiste. Quant à Ragazzo, il ne peut étoffer son chant aux dimensions d'un rôle écrit pour Filippo Galli et ses volatine peinent à se libérer. Autour, l'esprit de troupe et la pertinence du style se manifestent avec bonheur dans le chant des seconds rôles, Pippo et Lucia notamment justes de couleur et de ton. Tout cela vous fait une très plaisante représentation, tout compte fait plus authentique que ce que nous proposait hier la version Gelmetti chez Sony.
J.C.