ZhengZhong Zhou (Des Grieux), Hanna Hipp (Jean), Pablo Bemsch (Tiberge), Susana Gaspar (Aurore). Southbank Sinfonia, dir. Geoffrey Paterson (Linbury Studio, Covent Garden, octobre 2011).
CD Opera Rara 0RC47. Distr. Abeille Musique.
Dix ans après... Des Grieux, toujours blessé, veut empêcher son neveu d'épouser la jeune paysanne Aurore, fille de Lescaut et pupille d'un Tiberge devenu viveur à la Guillot. Mais celui-ci l'habille comme un portrait de Manon religieusement conservé : il n'en faut pas plus pour que Des Grieux écoute de nouveau la voix de la passion. Moins d'une heure de musique, traversée d'innombrables citations de Manon, pour un opéra-comique intimiste tenant volontiers du pastiche, comme souvent chez Massenet. Une fois de plus Albion nous offre ce que Marianne nous refuse : la première au disque (live) du Portrait de Manon réunit les musiciens du programme Jette Parker, qui est un peu l'Académie du Covent Garden. De belles voix à suivre, de l'enthousiasme, mais il manque l'esprit d'un genre - articulation, prosodie, naturel, surtout chez Des Grieux et Tiberge, respectivement baryton et ténor de caractère. Aurore, petite sœur de la Sophie de Werther et Jean, mezzo travesti, s'en sortent mieux. Bonus dangereux, pour cause d'encombrement discographique : Les Nuits d'été, ici à plusieurs voix. Si Geoffrey Paterson se montrait élégant et scrupuleux dans Massenet, Volker Krafft échoue totalement dans Berlioz. Soprano et mezzo, une fois de plus, sont loin de démériter, contrairement au ténor, qui aurait pu leur abandonner « Villanelle » et « Au cimetière ». Pour Le Portrait donc... en attendant version plus française.
D.V.M.