DVD Opus Arte OA 1171 D. Distr. DistrArt Musique.
La vidéographie de La Traviata est abondante. Qui s'expose à en éditer une nouvelle captation doit s'imposer par une production puissante et/ou une distribution qui fait mouche. Ce n'est pas le cas ici. Non que Venera Gimadieva - entendue à Paris en septembre 2014 dans la reprise de la production de Benoît Jacquot - ne soit à la hauteur du rôle vocal : son timbre charnel, sa projection franche en servent les aspects les plus vivaces ; mais une couleur uniment vitaminée peine ici à dessiner les langueurs et les faiblesses du personnage : son premier acte la voit bien plus croqueuse de vie que minée intérieurement, son troisième est sans vraie agonie vocale. Autour d'elle, un Alfredo pauvre de timbre et de présence, un Germont très stylé mais trop clair pour posséder vraiment l'autorité impérieuse et paternelle du rôle, et des seconds rôles complètement sous-castés (Gastone et Flora, à proprement parler insuffisants, ce qui est un comble pour un festival comme Glyndebourne !), complètent un plateau décevant. La production de Tom Cairns a le mérite de travailler la noirceur sous-jacente aux fêtes mondaines, notamment grâce aux décors froids de Hildegard Bechtler, mais ne parvient ni à construire une véritable trajectoire de la fatalité ni à faire naître une véritable émotion. Dommage.
C.C.