Oehms OC 947. 2 CD. Distr. Outhere.
Oehms poursuit sa série de live de l'Opéra de Francfort, avec cette fois une Ariane à Naxos de haute tenue dirigée par Sebastian Weigle. A la tête d'un excellent orchestre, avec un superbe pianiste, le maître des lieux trouve le rythme et l'esprit du Prologue. La suite révèle une baguette à la fois claire et sensuelle, très engagée dans un opéra qu'elle ne réduit pas à un pastiche néoclassique, vive et légère pour l'intermède comique, jouant ensuite sans complexe la carte du dionysiaque. Le Prologue est porté par le Majordome hystérique de William Relton, le Maître de musique très chanté malgré l'usure de Franz Grundheber, qui lui confère une stature inattendue, par le Compositeur magnifiquement fébrile, aux nerfs à fleur de peau, d'une Claudia Mahnke mezzo clair, à l'aigu limpide, progressant vers un « Musik ist eine heilige Kunst » de grand style. On découvre ensuite une Ariane vocalement solide, sensible et émouvante, un peu instable à la fin, que Camilla Nylund échoue cependant à hisser à la hauteur d'une héroïne mythologique, rappelée à la vie et à l'amour par le Bacchus honnête de Michael König. L'agilité de Zerbinette, chez Brenda Rae, va de pair avec une tension qui en fait plus le double d'Ariane qu'une soubrette rossignol. Les comiques sont assez patauds, mais les Nymphes irrésistiblement séduisantes, même si on peut les trouver très incarnées. Dommage que ce ne soit pas un DVD : c'est Brigitte Fassbaender qui met en scène... Ariane, cependant, pose toujours le même problème aux nouveaux venus : la richesse de la discographie.
D.V.M.