Dorothea Röschmann (Estrella), Kurt Streit (Alfonso), Christian Gerhaher (Froila), Jochen Schmeckenbecher (Mauregato), Hanno Müller-Brachmann (Adolfo), Berliner Philharmoniker, dir. Nikolaus Harnoncourt (live 2005).
8 CD Berliner Philharmoniker Recordings BPHR 150061. Livret en allemand + traduction en anglais. Coffret Berliner Philharmoniker / Nikolaus Harnoncourt / Franz Schubert contenant aussi les huit Symphonies et les Messes n° 5 et n° 6. Bonus Blu-ray : entretien avec N. Harnoncourt (38'). Distr. Berliner Philharmoniker.

 

Etre une rareté méconnue a un avantage : on évite l'avalanche de productions médiocres et de captations inutiles. Ainsi Alfonso und Estralla bénéficie-t-il, à chacune de ses apparitions, d'artistes de premier plan : au disque, Froila a été interprété par Dietrich Fischer-Dieskau (dir. Otmar Suitner, avec Peter Schreier et Edith Mathis, Hermann Prey et Theo Adam !) ; au Festival de Vienne 1997 par Thomas Hampson, dans une production de Jürgen Flimm dirigée - déjà - par Nikolaus Harnoncourt et captée en vidéo. Il faudrait même remonter à Milan, en 1956 : le document existe qui réunit Rolando Panerai et Suzanne Danco ! Ici Christian Gerhaher confère son élégance oratorienne, d'une musicalité suprême, au roi exilé ; la ferveur châtiée de Kurt Streit s'accorde à merveille au timbre fruité et vibrant de Dorothea Röschmann, formant un couple délicieux ; l'Adolfo de Hanno Müller-Brachmann est presque trop digne ! La qualité de l'ensemble, d'une égale grâce où qu'on porte l'oreille, en fait oublier l'absolue non-théâtralité.

Les amoureux de Schubert trouveront en outre dans ce coffret-événement l'intégralité des Symphonies et deux Messes dirigées par Nikolaus Harnoncourt. L'affinité du chef avec les Berliner Philharmoniker, développée depuis 1991 en 90 concerts et moult enregistrements - parmi lesquels les Symphonies de Brahms ou Le Freischütz - délivre une musicalité constamment en équilibre entre rondeur chaleureuse du son et détail du dessin, fraîcheur et gravité. Le Blu-ray offre le témoignage de Harnoncourt sur Schubert comme sur son aventure au long cours avec les Berliner Philharmoniker - avec de savoureuses anecdotes sur ses débuts devant la prestigieuse, et ombrageuse, phalange. Un bémol toutefois : l'ordonnancement des textes d'accompagnement et de leur traduction défie la raison - et la lecture.

C.C.