Stuart Haycock (Volpino), Alexandra Oomens (Lisel), Amelia Farrugia (Mrs Hawk), Janet Todd (Miss Hawk), Christoph Saunders (Mr Wolf), David Woloszko (Mr Bear), David Hidden (Tomaso), Orchestra of the Antipodes, dir. Eryn Helyard (live 2014).
CD Pinchgut Opera 005. Notice en anglais. Distr. Pinchgut Opera.

 

Ainsi qu'on pourra le constater dans les récents comptes-rendus de L'Avant-Scène Opéra, Antonio Salieri (1750-1825) jouit d'un regain d'attention : alors que son Falstaff (en italien) reparaît sur scène et qu'un nouvel enregistrement de ses Danaïdes (en français) est annoncé, voici que nous parvient une captation sur le vif de son premier singspiel (en allemand). Tout autant que L'Enlèvement au sérail de Mozart, écrit pour la même troupe, Der Rauchfangkehrer (Le Ramoneur, 1781) est redevable à l'empereur Joseph II, désireux de fonder un opéra en langue nationale qui brise le monopole italien et envisage le genre lyrique sous un angle plus moderne. Dû à un dramaturge amateur, le livret ose ainsi mettre en scène des personnages contemporains du public (portant tous des noms d'animaux), plongés dans des préoccupations terre-à-terre mais feignant de ne vivre que pour l'art. Madame Faucon et sa belle-fille, courtisées par les parvenus Monsieur Loup et Monsieur Ours, se piquent donc d'art vocal, encouragées par le ramoneur Renard qui, par appât du gain, s'improvise maître de chant. Ce qui permet à Salieri, non seulement de parodier son propre style séria (il vient d'écrire la roucoulante Europa riconosciuta pour l'inauguration de la Scala que nous connaissons), mais encore de multiplier les figures de style (airs de tempête, de chasse, etc.), à travers un orchestre à l'expressivité typiquement allemande. Fort exigeante pour les instrumentistes comme pour les chanteurs - parmi les créateurs, on comptait Caterina Cavalieri et Ludwig Fischer, les futurs Konstanze (Miss Hawk) et Osmin (Mr Bear) de Mozart -, cette musique reste cependant chiche de ses effets (peu d'airs dépassent les deux minutes) et semble d'autant plus manquer de souffle qu'on a ici coupé les dialogues... à la hache. Le livret a pourtant été traduit en anglais afin de faciliter l'accès de l'œuvre à l'auditoire australien - à l'exception des arie italiennes et, bizarrement, du premier finale, resté en allemand. L'interprétation est modeste : Farrugia et Todd dardent avec une certaine assurance vocalises et contre-notes mais manquent de stabilité, tandis qu'à l'exception de la basse, correcte, de Woloszko, les rôles bouffes font peine à entendre. L'orchestre s'avère vif et engagé mais d'une précision relative. En somme, l'on se demande une fois de plus si ce spectacle sympathique méritait les honneurs du disque...

O.R.