Claudine Collart (Hélène), Christiane Castelli (Gontran), Xavier Depraz (Pausanias). Dir. Charles Bruck (Paris, 1953).
CD Malibran MR 772. Distr. Malibran.
Les soirées lyriques de la RTF. Les textes de liaison de Denise Vautrin dits par l'inimitable Jacqueline Clerc. Un orchestre et des chœurs moyens ou médiocres. Mais aussi des œuvres rares ou méconnues - pas seulement françaises, d'ailleurs. Et parfois les meilleurs produits d'une certaine école de chant. Les anciens se souviennent, non sans nostalgie. Bref, toute une époque.
C'est tout cela que nous rend Malibran, ici à travers ce Roi malgré lui. Comme d'habitude, on coupait sans vergogne, on supprimait même des numéros entiers : premier acte sans Prélude, sans le Rondeau à deux voix d'Alexina et Fritelli et sans finale, deuxième acte amputé de l'Ensemble de la conjuration, absence, au troisième acte, de l'entracte et des Couplets de Fritelli... Rédhibitoire ? Eh bien, non. Parce qu'il reste l'esprit, que l'on ne trouvera pas dans la version intégrale et tellement plus soignée de Charles Dutoit. Imaginez Eugène Bigot, une des baguettes les plus affûtées de sa génération, qui dirigeait aussi bien la Deuxième Symphonie de Jolivet, à la tête d'un autre orchestre et d'un autre chœur : on tiendrait un Roi malgré lui haut en couleur, plein d'esprit et d'énergie. Janine Micheau a beau courir après ses vocalises dans « C'est l'amour » au deuxième acte, elle campe une Minka touchante mais sans mièvrerie. Le ténor Michel Cadiou et le baryton Willy Clément étaient deux voix d'opéra-comique, exemplaires par la déclamation, l'aisance de l'aigu, l'élégance du phrasé.
Simplement ici le conspirateur Laski, Xavier Depraz se retrouve en Pausanias de la version connue de L'Education manquée dirigée très finement par Charles Bruck - encore un oublié, disciple de Monteux : une vraie basse, irrésistible dans sa Chanson éméchée. Claudine Collart et Christiane Castelli sont délicieuses, d'une rondeur fruitée. En complément, des mélodies de Chabrier par une excellente Christiane Castelli.
Nostalgie, quand tu nous tiens...
D.V.M.