CPO 777 788-2 (2 CD). DistrArt Musique.
Poursuivant une entreprise qui s'apparente de plus en plus à une intégrale Lehár, la firme CPO nous propose cette fois-ci le délicieux et trop rare Comte de Luxembourg, enregistré à Osnabrück en 2012. Si l'on se réjouit de cet ajout au catalogue, il faut toutefois préciser que la nouvelle version dirigée par Daniel Inbal (fils de Eliahu) est loin de pouvoir rivaliser avec le remarquable enregistrement que Willy Mattes avait réalisé en 1968 et réunissant Nicolai Gedda, Lucia Popp, Renate Holm et Kurt Böhme. Ce n'est pas au chef que la faute en incombe, puisque ce dernier insuffle à l'orchestre et au chœur toute l'énergie et la tendresse dont on puisse rêver, mais bien plutôt à une équipe de chanteurs auxquels on a en vérité fait beaucoup d'honneur en leur confiant des rôles qui outrepassent leurs moyens limités. En Comte de Luxembourg, Marco Vassalli constitue la plus grande déception : pas une once de charme ou de suavité ne se dégage de son chant contraint, à l'aigu périlleux et qui jamais n'arrive à se déployer librement. Son amoureuse, la cantatrice Angèle Didier, est nettement mieux défendue par Astrid Kessler, dont l'art demeure cependant toujours appliqué, dépourvu du caractère pétillant qui rend Lucia Popp si attachante. Autre sujet de mécontentement, le prince Basil vulgaire et caricatural du ténor Mark Hamman, qui tente de donner du relief à son personnage en abusant de la voix de tête. Le couple secondaire, Armand et Juliette, trouve en Daniel Wagner et Marie-Christine Haase deux artistes aux voix bien petites, quoique jolies et bien appariées. Malgré les qualités évidentes du chef, on oubliera bien vite ce coffret pour retourner à nos amours d'antan.
L.B.