Ann Murray (Serse), Christopher Robson (Arsamene), Patricia Bardon (Amastre), Umberto Chiummo (Ariodate), Yvonne Kenny (Romilda), Julie Kaufmann (Atalanta), Jan Zinkler (Elviro), Chœur et Orchestre d'Etat de Bavière, dir. Ivor Bolton (1997).
Farao B 108010. Notice en anglais. Distr. UVM Distribution.

 

Depuis 1997, Ivor Bolton a dirigé une bonne vingtaine de productions à l'Opéra de Munich, parmi lesquelles plusieurs opéras de Haendel qui ont été enregistrés "sur le vif" par Farao (Ariodante, Alcina, Giulio Cesare en CD, Rodelinda en DVD). Lors de sa parution initiale en 1997, le premier d'entre eux, Serse, nous surprit agréablement par sa tonicité et son caractère théâtral : la direction vigoureuse de Bolton, aux contours rythmiques accusés, nous changeait des approches plus mièvres auxquelles nous étions accoutumé. A la réécoute, le caractère fruste de cette lecture, qui évacue la sensibilité au profit de l'efficacité, nous gêne davantage, tout autant que la rudesse anonyme des phalanges bavaroises. Entachée (ou rehaussée, suivant les goûts) de bruits de scène, rires, applaudissements, cette version a pour elle sa cohérence, à laquelle contribue la distribution, choisie davantage en fonction de ses aptitudes à la caractérisation que de la pure beauté vocale. Ainsi, le Serse névrotique, au large vibrato et aux éclats acides de Murray (qu'on entendait déjà, mais en anglais, dans la version Mackerras/Hytner de 1988, parue en DVD chez Arthaus Musik), s'il ne séduit guère l'oreille, ne manque-t-il pas d'abattage ! En revanche, Robson (lui aussi présent chez Mackerras), caricature de contre-ténor sans timbre ni legato, n'apparaît plus acceptable au disque dans une partie écrite pour une cantatrice que seuls Lawrence Zazzo (Christie, EMI) et David Daniels (Curnyn, Chaconne) ont réussi à dompter. Les basses (Chiummo, Zinkler) se montrent juste correctes et Bardon, belle alto bousculée par les tempi de Bolton, sera plus à son aise chez Rousset (DVD EuroArts). Restent deux donzelles sopranos tout à fait convaincantes en peste rivales - Kaufmann, finaude, un peu pointue, et Kenny, racée et mordante, mais manquant de fragilité dans un rôle malaisé qu'elle est la seule, avec Jennifer Smith (McGegan, Conifer) à rendre à peu près sympathique. Ouvrage d'ascendance vénitienne, pétulant mais déroutant du fait de ses ruptures de climat et de la fragmentation de la partition (une cinquantaine de numéros !), Serse n'a toujours pas trouvé sa version de référence. Pour une première approche, on continue à conseiller les enregistrements de Malgoire (CBS) et de Priestman (DG).

O.R.