Jan Kobow (Sardanapalus), Rinnat Moriah (Salomena), Theodora Baka (Agrina), Cornelia Samuelis (Didonia), Franz Vitzthum (Belochus), Markus Flaig (Arbaces), Sören Richter (Atrax), Felix Schwandtke (Belesus), Kirline Cirule (Misius), Philipp Nicklaus (Saropes), United Continuo Ensemble, dir. Jörg Meder (live, 2014).
CD Pan Classics PC 10315. Notice et livret en anglais. Distr. Outhere.

 

Si l'Opéra du Marché aux oies de Hambourg (1678-1738) commence à nous être connu, notamment par l'enregistrement des ouvrages de Keiser, du jeune Haendel et de Telemann, il n'en va pas de même de son petit frère de Leipzig. Il est vrai que celui-ci ferma ses portes dès 1720, avant que Bach ne s'installe en ville, donc, mais non sans qu'environ 70 ouvrages n'y aient été représentés.

Jan Kobow et l'United Continuo Ensemble nous avaient déjà donné un aperçu de cette production via un florilège d'extraits du recueil La Chambre d'amis musicale (Pan Classics, 2010). Aujourd'hui, ils nous offrent la primeur d'un opéra complet du chanteur et librettiste Christian Ludwig Boxberg (1670-1729) : Sardanapalus (1698), ouvrage inspiré de l'esthétique vénitienne (entrelacs d'intrigues amoureuses et guerrières, faisant la part belle aux trahisons, déguisements et rôle bouffes) mais entièrement en langue allemande. Partition plutôt simpliste - faisant alterner brefs da capo, souvent syllabiques et soutenus par la basse continue, ritournelles, marche pour les vents et danses à la française - qui n'atteint à aucun moment l'intensité du Croesus de Keiser ou de l'Almira de Haendel, pour citer des œuvres à l'esthétique proche.

Mais il est vrai qu'en dépit de la captation en scène, l'interprétation manque de flamme. La nature ambivalente de l'United Continuo Ensemble - constitué, comme son nom ne l'indique pas, d'un continuo et d'un mini-orchestre de douze musiciens, chacun conduit par un leader - semble avoir fait obstacle à une véritable vision d'ensemble, ainsi qu'au souffle dramatique. La basse continue assure sa partie avec un certain tonus mais l'orchestre étique - dont les deux violons maigrelets étouffent sous le tutti des vents (3 hautbois, 4 trompettes !) -, manque totalement de lyrisme.

Les voix, pour la plupart petites et impersonnelles (surtout chez les dames), échouent aussi à incarner les quelque quinze rôles : seuls sortent du lot le contre-ténor Franz Vitzthum, la soprano Rinnat Moriah et, bien sûr, le ténor Jan Kobow, non pas tant pour ses qualités vocales que pour ses efforts expressifs dans le rôle d'un tyran prompt à se travestir... Pour curieux.

O.R.