Maximilian Schmitt (Tamino), Christina Landshamer (Pamina), Thomas Oliemans (Papageno), Nina Lejderman (Papagena), Brindley Sherratt (Sarastro), Íride Martínez (la Reine de la nuit), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Monostatos), Chœur du Dutch National Opera, Netherlands Chamber Orchestra, dir. Marc Albrecht, mise en scène : Simon McBurney (Amsterdam, déc. 2012).
DVD Opus Arte OA 1122 D. Distr. DistrArt Musique.

 

Captée ici à sa création, la production de La Flûte enchantée par Simon McBurney a été montée ensuite à l'ENO en 2013, puis au Festival d'Aix-en-Provence 2014. L'écran atténue ce qui, à la scène, nous a paru chargé de technologie plutôt qu'enchanté de magie - notamment le décor à vérins (Michael Levine) et ses ateliers adjacents de bruitage et de vidéo -, pour n'en garder que les beaux effets visuels, à commencer par les projections de Finn Ross, leurs interventions soigneusement pesées, leur transparence holographique. Mais il accentue aussi d'autres lourdeurs, telles le carillon détraqué et urinaire de Papageno qui, n'ayant plus l'avantage du recul visuel, frôle la grossièreté. Difficile donc de retrouver ici l'esprit global de la mise en scène - d'autant que la captation ne rend pas justice aux lumières de Jan Kalman -, à part sa direction d'acteurs fortement dessinée, aidée des costumes de Nicky Gillibrand, dont on retient peut-être en premier lieu les Garçons-vieillards et la Reine-paralytique. On mesure toutefois l'évolution de la production puisqu'ici Sarastro n'a pas encore le look « Lucius Malfoy » qu'il a acquis par la suite - sage clergyman, simplement -, et que les Dames ont des airs de zombies qui seront plus tard atténués.

Après une Ouverture vive et comme spontanée puis un « Zu Hilfe ! » véritablement paniqué et augurant d'un théâtre musicalement incarné, la suite ne tient hélas pas ces promesses, la direction de Marc Albrecht aménageant souvent des tempi inhabituellement lents - surtout pour Papageno et la Reine de la nuit (Íride Martínez), dont le vibrato incontrôlé trahit ici le style et alourdit le discours. Thomas Oliemans est pourtant un Papageno sympathique, et sa Papagena (Nina Lejderman) charmante... de même que le couple Tamino/Pamina (Maximilian Schmitt et Christina Landshamer) est juste, sans être exceptionnel - même si Christina Landhamser tranche, par son personnage ardent, avec les habituelles Pamina douces et craintives. Brindley Sherratt ne convainc pas totalement, Sarastro un peu court de ligne et d'amplitude. En revanche, le Monostatos de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke est un régal de subtilité vocale et de caractérisation.

Une captation-témoin intéressante, mais pas une incontournable Flûte en vidéo.

C.C.