DVD VAI 4564. Distr. DistrArt Musique.
L'Hirondelle en anglais, devenue The Swallow (dans une traduction de Robert Hess), garde ici un charme fou. Celui d'une réalisation télévisée vivante et populaire au meilleur sens - avec sa caméra qui valse et ses plans serrés en 4:3 -, qui nous rappelle le temps où ce média était une vraie porte d'entrée vers l'opéra... Celui d'un kitsch assumé - qui n'est pas sans coller, au second degré, avec cet opéra qui joue à l'opérette, ou inversement -, où les robes d'époque voisinent avec les choucroutes sixties, et où les brandebourgs des messieurs (à cheveux longs) ont quelque chose de Sergent Pepper... Celui, enfin, d'une équipe d'excellents et juvéniles interprètes, acteurs impeccablement assortis : le timbre typique de ténor canadien de John Walker (Prunier), celui plus velouté d'Anastasios Vrenios (Ruggero, et un brushing d'anthologie qui contribue peut-être à sa relative fadeur), la soubrette spirituelle de Barbara Shuttleworth (Lisette), le Rambaldo altier de Cornelis Opthof - et bien sûr, délicieuse de féminité, avec ce regard où passe soudain l'ombre d'un nuage intérieur et un chant qui trouve ici l'idiomatisme de l'anglophone, jouant sur le velours de la diphtongue, la Stratas, fleur fraîche et rayonnante. On en oublie la vision passe-partout de la lecture orchestrale de Priestman, avant tout d'accompagnement et de bande-son - mais pas dénuée de panache quand il le faut.
Certes, cette publication en anglais et sans sous-titres ne devancera pas les références vidéographiques de La rondine, à chercher plutôt du côté de Washington 1998 (avec Ainhoa Arteta, DVD Decca) ou de New York 2009 (avec Angela Gheorghiu, DVD EMI). Mais les plaisirs coupables font le sel des collections.
C.C.