Franz Grundheber (Moïse), Andreas Conrad (Aaron), Johanna Winkel, Katharina Persicke (sopranos), Elvira Bill, Nora Petrochenko (contraltos), Jean-Noël Briend, Jason Bridges (ténors), Andreas Wolf (baryton), Friedemann Röhlig (basse). EuropaChorAkademie, Orchestre de la SWR de Baden-Baden et Fribourg, dir. Sylvain Cambreling (live 2012).
Hänssler Classic SACD 93.314. Distr. DistrArtMusique.

 

C'est difficile, très difficile même, Moïse et Aaron. La discographie, du coup, se situe toujours haut. Capté au cours de concerts donnés à Berlin, Lucerne, Fribourg et Strasbourg, Sylvain Cambreling rejoint ces altitudes, par la précision de sa lecture et l'ampleur de son geste, à la tête d'un orchestre tout dévoué à la cause de la modernité depuis sa création. Excellent chœur aussi, protagoniste, au fond, de l'opéra, dont la partie n'est pas moins redoutable. Ancien Wozzeck anthologique, rompu au Sprechgesang, Franz Grundheber campe un prophète grandiose, sorte de Wotan biblique, dont les dernières paroles donnent le frisson. L'Aaron d'Andreas Conrad, en revanche, déçoit : ténor haut perché dans la tradition allemande, excellent Mime ou Hérode, il manque ici de souplesse dans l'aigu, peu à l'aise pour incarner à la fois l'autorité et la séduction troubles du personnage. La direction, de son côté, accuse parfois quelques baisses de tension, avec une orgie du Veau d'or plus marquée par la violence que par l'urgence : l'arc dramatique de l'épopée biblique, de la fresque sacrée, n'est pas constamment tendu. Voilà pourquoi, tout en saluant les immenses qualités de ce live, on en restera, pour les références, à Boulez, Gielen et Solti.

D.V.M.