Patrizia Ciofi (Leïla), Dmitry Korchak (Nadir), Dario Solari (Zurga), Roberto Tagliavini (Nourabad). Orchestre et Chœur du Théâtre San Carlo, dir. Gabriele Ferro, mise en scène Fabio Sparvoli (Naples, octobre 2012).
Unitel Classica / Cmajor 719508. Distr. Harmonia Mundi.

 

Ces Pêcheurs de perles napolitains, donnés dans la version Choudens, séduisent aussitôt par une très appréciable qualité : l'exotisme du sujet ne s'étend pas à la prononciation des chanteurs, intelligibles et, surtout, fidèles à la prosodie française. De la part de Patrizia Ciofi, cela n'étonne pas et l'on admire combien la soprano italienne s'est approprié à la fois un style et un personnage, Leïla légère de voix mais pas de caractère, brûlant de passion jusqu'au sacrifice, au souffle long et au phrasé charmeur - ne lui manquent, pour être parfaite, que certains aigus plus précisément situés. Dmitry Korchak ferait un très bon Nadir, plein d'ardeur amoureuse, s'il ne maintenait pas son chant sous tension malgré une belle voix mixte dans la Romance, ce qui l'éloigne du ténor d'opéra-comique exigé par le rôle. L'Uruguayen Dario Solari, en revanche, campe un Zurga altier, timbre de bronze et phrasé franc, à la ligne toujours tenue, seulement un rien monolithique. Un ensemble homogène, en tout cas, complété par le Nourabad au fanatisme stylé de Roberto Tagliavani et guidé d'une baguette experte par l'excellent Gabriele Ferro, chef de fosse aguerri qui joue à la fois sur le théâtre, notamment pour le finale du deuxième acte, et les couleurs, en peintre d'atmosphères pittoresques ou sensuelles. La production de Fabio Sparvoli, elle, s'en tient à un aménagement assez sage de la tradition : orientalisme épuré avec danses d'esprits de l'au-delà, décor de sable nu avec tronc d'arbre ou tête de Bouddha, belles lumières dans les bleus et les gris, direction d'acteurs d'une aimable convention. C'est sans surprise ni prétention, mais on regarde sans déplaisir.

D.V.M.