Luciano Pavarotti (le Duc de Mantoue), Louis Quilico (Rigoletto), Christiane Eda-Pierre (Gilda), Ara Berberian (Sparafucile), Isola Jones (Maddalena), Richard J. Clark (le Comte de Monterone), Norman Andersson (le Comte de Ceprano), Betsy Norden (la Comtesse de Ceprano), John Darrenkamp (Marullo), Metropolitan Opera Orch. & Chorus, dir. James Levine, mise en scène : John Dexter (New York, 1981).
DVD Decca 074 3884. Distr. Universal.


Un nouveau Rigoletto avec Pavarotti, voilà une agréable surprise. Non qu'il soit inconnu : télévisée en son temps, visionnable donc ici ou là, nous avions inclus cette captation dans notre Vidéographie comparée de l'ouvrage (L'ASO n° 273). Mais la voici désormais éditée en DVD. Edition précieuse, d'autant qu'il s'agit du seul Duc de Mantoue intégral et live de Big Luciano à se mettre sous la dent - ou plutôt le regard : Tokyo 1971 est une archive NHK de piètre qualité, le film de Jean-Pierre Ponnelle est une réalisation de studio, et New York 1987 donne seulement l'acte III en soirée de gala.

Alors ? Alors... aucune surprise, compte tenu des forces en présences - y compris le public du Met et ses applaudissements hors sujet. De « Questa o quella » à « La donna è mobile », le Duc de Pavarotti est insolent de voix, jubilant de timbre, l'œil qui frise : le plaisir du ténor passe avant celui de l'acteur, comme souvent. Louis Quilico s'investit avec générosité, mais son timbre plutôt chenu manque du mordant cruel qui fait les grands Rigoletto. « Technique de diamant » et expression « glaciale » écrivions-nous au sujet de Christiane Eda-Pierre : sa Gilda, conservant son maintien de corps et sa neutralité de chant face à tous les abus, ne délivre ni exaltation amoureuse, ni traumatisme déchirant.

Fringance, grisaille ou impassibilité, au choix, se liguent décidément contre la maledizione, malgré la vigueur de James Levine dont la jeunesse paraît adolescente face au théâtre momifié qui se déroule devant lui. Très carton-pâte et illustrative, la scénographie de Tanya Moiseiwitsch cherche ses atmosphères du côté des ombres et de la nuit, qui se noient hélas à l'image en pâtés brunâtres et que la mise en scène de John Dexter habite de façon très conventionnelle. Reste le collector pour les fans de Pavarotti.

C.C.