CD CPO 777 80562. Distr. DistrArt Musique.
Moins populaire que son Adrienne Lecouvreur, L'Arlésienne de Cilea, trop souvent assimilée au vérisme dont une réelle légèreté de touche la préservait, a connu une dizaine d'enregistrements depuis la version dirigée par A. Basile en 1951 et qui affichait le couple Tagliavini/Tassinari. On rappellera pour mémoire les Pederzini ou Cortez, les Oncina ou Canonici qui s'y distinguèrent. Jusqu'à cette reprise du festival de Montpellier 2005 avec la Rosa Mamai de Marianne Cornetti - distribuée dans ce même rôle au Met deux ans plus tard -, déjà avec le ténor Filianoti.
La présente intégrale peut de nouveau attirer l'attention sur ce drame intelligemment tiré de Daudet et d'un lyrisme immédiatement prenant : on s'en réjouira, d'autant qu'à la tête d'un orchestre capiteux notre compatriote Fabrice Bollon emporte l'adhésion. La prise de son pénalise en revanche une distribution de ce fait un peu terne. La Géorgienne Iano Tamar y laisse une part de son soutien dans le medium, souvent absent quand les accents douloureux de sa Rosa Mamai appellent une tout autre vigueur. Mirella Bunoaica, une Mimì, une Violetta, présente une juvénile fragilité accordée à la vulnérabilité de l'infortunée Vivette. Des rôles masculins, se détache le baryton Francesco Landolfi, Baldassare d'une présence humaine et d'un soin vocal remarquables, alors que la voix de Filianoti avoue désormais un blanchiment et des failles du registre aigu très dommageables dans un rôle conçu pour Caruso - avant que de flatter le lyrisme léger d'un Schipa ou du jeune Pavarotti. Remercions néanmoins le ténor de nous restituer l'air ultime du pauvre suicidaire, « Gia spunta il dì », qui le soumet à de pénibles tensions et ne peut compenser le ratage de l'emblématique « E la solita storia ».
J.C.