Julius Patzak (Tristan), Maria Cebotari (Isot), Hilde Zadek (Brangäne), Endre Koreh (König Marke), Maria Ilosvay (Die Mutter Isots), Dagmar Hermann (Isot die Weisshändige), Alfred Poell (Sprecher), Wilhelm Freidrich (Kaherdin), Karl Dönch (Herzog von Hoël), Chœur de l'Opéra d'Etat de Vienne, Membres du Philharmonique de Budapest, dir. Ferenc Fricsay (live, 24 aout 1948).
Orfeo C890142A. Présentation et argument en allemand et en anglais. Distr. Harmonia Mundi.


Salzbourg, 24 août 1948, Ferenc Fricsay dirige une double improbabilité : Le Vin herbé - conçu par Frank Martin délivré du théâtre et rendu au récit - monté en scène et chanté en allemand. Coupable : Oscar Fritz Schuch qui se contenta, si l'on en croit les photographies de la production, d'une suite de confrontations statiques dans les décors épurés de Caspar Neher. Flop auprès de la critique et du public. Fallait-il laisser dormir si longtemps la bande-son de cette création ratée ? Non, au moins pour le quatrième tableau du deuxième acte, où soudain Maria Cebotari s'enflamme. Mais ailleurs, c'est morne plaine. Fricsay prudent, Patzak en voix de corbeau débitant, chœurs incertains, image sonore floue. Historique mais oubliable, d'autant que la force de l'ouvrage provient d'abord de la langue si économe et si imagée du «roman » de Joseph Bédier, intraduisible. Donc revenez à la gravure princeps de la version originale, avec le Tristan du tout jeune Eric Tappy (1961), que Victor Desarzens animait de son art de feu. Frank Martin lui-même était au piano.

J.-C.H.