Opus Arte 0A1158D. Distr. Distrart.
Stephen Langridge fait simple : l'action aujourd'hui, la scène ouverte avec, en son centre, un carré où Amfortas gît sur son lit d'hôpital, espace dévolu à diverses destinations dramatiques tout au long des trois actes. Eucharistie avec apparition du Christ mimant la crucifixion, Titurel porté sur scène dans son linceul... Ces quelques éléments, et une direction d'acteur au cordeau, suffisent à créer une intensité émotionnelle rarement rencontrée dans un opéra souvent voué à des interprétations discutables. Langridge centre son propos non sur Parsifal mais sur Amfortas. La soirée vaut donc d'être vue ne serait-ce que pour Gerald Finley, douleur incarnée comme rarement. Mais alors pourquoi « deux cœurs » seulement ? D'abord, si le metteur en scène réussit ses premier et troisième actes, il ne trouve pas la clef du royaume de Klingsor et tombe dans le poncif de Filles-Fleurs péripatéticiennes. Ensuite, la direction d'Antonio Pappano, à force de privilégier l'émotion, perd la grande ligne qui tend l'arc de l'œuvre. Tout se morcelle. Enfin les voix : il est trop tard pour le Klingsor de Willard White ; René Pape un rien usé et parfois indifférent laisse Gurnemanz lui échapper, ces soirs-là du moins ; Angela Denoke alterne glace et maniérisme pour une Kundry sans terreur et sans séduction ; et surtout l'entreprise pèche par le Parsifal terrien de Simon O'Neill, impossible après la renversante incarnation qu'en dévoila tout récemment Jonas Kaufmann. Dommage.
J.-C.H.