Simone Schneider (Christine), Markus Eiche (Robert Storch), Martina Welschenbach (Anna), Martin Homrich (Baron Lummer), Michael Dries (Notar), Maria Bulgakova (Son épouse), Brenden Gunnell (Stroh), Brigitte Fassbaender (rôles parlés), Orchestre Symphonique de la Radio de Munich, dir. Ulf Schirmer (concert, 2011).
CPO 7779012. Présentation et livret en allemand et en anglais. Distr. Distrart.


Zeitoper
! Krenek, Hindemith, Weill avaient donné le nouveau ton de la scène lyrique des années vingt. Richard Strauss, déconcerté dans un premier temps, décida que chez lui aussi le téléphone sonnerait et qu'on jouerait en scène comme on est à la ville. Fatalement, le compositeur décida de céder à son goût de l'autobiographie. C'est donc lui-même et Pauline qu'il prend pour modeler les caractères de Robert et de Christine. Et afin de se sentir plus libre, il se charge lui-même du livret. Coup d'essai qui sera sans lendemain - dès 1928 il retournera au sujet mythique avec Hélène d'Egypte - mais où le compositeur raffine encore le style et la grammaire de sa conversation en musique commencée avec Le Chevalier et poursuivie dans le Prologue d'Ariadne auf Naxos en attendant Capriccio. On a jugé un peu vite la partition mineure, ce qui n'était pas l'avis de Lotte Lehmann, créatrice de Christine pour laquelle Strauss régla le rôle. Wolfgang Sawallisch se fit un devoir de l'enregistrer pour Electrola, avec Popp et Fischer-Dieskau, tous deux brillants au possible, et c'est à nouveau de Munich que nous vient l'écho d'un concert donné à la Radio en juin 2011.

Sans détrôner la suprématie de l'unique enregistrement de studio jusque là disponible - on peut aussi chercher le spectacle de Glyndebourne avec Felicity Lott, en DVD et en anglais -, cette nouvelle lecture alerte aligne bien des avantages. D'abord une Christine au timbre corsé : Simone Schneider conforme son grand soprano au parlando du rôle sans faire un faux pli et elle est plus proche, par son caractère bien trempé, du portrait de Pauline que ne l'essaya Lucia Popp, Christine aussi délicieuse qu'insupportable. Ici, de bout en bout une maîtresse-femme. Bien vu. Markus Eiche ne reproduit pas le grand style de Fischer-Dieskau, dont la colère du deuxième acte reste anthologique, mais il met beaucoup de finesse et d'élan à son Kappelmeister, et ajoute un timbre assez radieux qui rajeunit le rôle. Troupe alerte, Brigitte Fassbaender pour les emplois parlés, orchestre rompu au style, direction équilibrant lyrisme et fantaisie, le tout splendidement capté - bravo !

J.-C.H.