Bonus : Puccini (film de Tony Palmer, 1984), Suor Angelica (ORF 1959, Quadri/Lanske, en allemand) et Gianni Schicchi (Vienne 1960, Quadri/Fritz, en allemand).
11 DVD ArtHaus Musik + 1 livre d'accompagnement, textes trilingues et illustrations. Distr. Harmonia Mundi.
Commémorant ainsi les quatre-vingt-dix ans de la mort de Puccini (1858-1924), le label ArtHaus lui consacre une intégrale vidéo. On aurait aimé sauter de joie, mais l'enthousiasme n'y est pas. D'abord, le format est malhabile et disproportionné : les DVD sont en pochette CD et le livre, en taille 33 tours. Ensuite, l'édition de ce dernier manque de coordination : certains opéras ont droit à un argument, d'autres pas ; certains, à un contexte biographique - ou pas, etc. Des textes repris des premières éditions DVD et concernant exclusivement la production captée voisinent, sans explication ni mise en perspective de la part du sommaire, avec d'autres études plus généralistes. Dommage.
Surtout, la pêche vidéographique est mince. Seules versions disponibles des deux titres de jeunesse, Le Villi de Tivoli sont à déconseiller aussi bien musicalement que visuellement, et l'Edgar de Turin, difficultueux, n'est qu'une option d'attente. Tosca, Fanciulla et Trittico sont sans impact et La rondine, malgré la belle production de Graham Vick, invalidée par un Prunier sous-dimensionné et deux amants sans finesse. On s'attardera plus volontiers sur une Bohème qui documente l'une des plus complices soirées de Freni et Pavarotti, une Butterfly élégamment stylisée, une Manon Lescaut assez rutilante - sans pour autant être exceptionnelle - et une Turandot au cast de luxe (Marton/Carreras/Ricciarelli).
Mais dans tout cela, aucune version de référence et aucun inédit, à part deux raretés exhumées des archives de l'Österreichischer Rundfunk, télévisées en leur temps et reportées ici pour la première fois en DVD. Le Gianni Schicchi de la Volksoper affiche un cast dépassé (Rudolf Christ en Rinuccio), scolaire (la Lauretta de Christiane Sorell) ou assez raide (Erich Kunz dans le rôle-titre). Mais la « Schwester Angelica » est un trésor, par la grâce de Wiener Philharmoniker à tomber, vaporeux ou illuminés, et d'une Jurinac à la fervente et simple sincérité. Un trésor néanmoins pour aficionados : en N&B et format 4:3, en allemand et sans sous-titrage...
Hélas réservé aux anglophones car également sans sous-titres, le long-métrage biographique de Tony Palmer (1984) est offert en bonus. Focalisé sur la période du « scandale Doria Manfredi » (le tournant 1908-1909), le réalisateur y intercale des extraits de répétitions de sa propre production de Turandot (Scottish National Opera, 1984). Reposant sur l'adéquation abrupte « Turandot=Elvira / Giacomo=Calaf / Liù=Doria », le choix reste anachronique du point de vue du compositeur et le montage, artificiel. De plus, le scénario très elliptique est réservé à qui connaît déjà cet épisode de la vie de Puccini - comme les enjeux de Turandot. Alors le remarquable investissement dramatique de Robert Stephens (un Puccini à la fois expansif et insaisissable) et, peut-être plus encore, celui de Virginia McKenna (une Elvira tourmentée, consumée de l'intérieur), délivrent toute leur saveur.
Un coffret très inégal, pour collectionneurs avant tout.
C.C.