Bram de Beul (A), Sophy Ribrault (B), Jacques Le Roux (C), Karen Robertson (D), Gotho Riesmeyer (E), Martin Achrainer (F), Marta Hirschmann (G), Mattaüs Schmidlechner (H), Dimonik Hekel (J), Elisabeth Breuer (K), Bruckner orchester Linz, dir. Dennis Russel Davis, mise en scène : David Pountney (Linz, 2013).
DVD Orange Mountain Music, Inc. OMM 5008. Pas de notice, sous-titres possibles en anglais. Distr. Socadisc.


Heureux Autrichiens : ils inauguraient en 2013 le Muziktheater Landestheater Linz ! Une sorte d'anachronisme dans le paysage culturel européen actuel. Apparemment un superbe théâtre dont la soirée d'ouverture était consacrée à la création de ces Traces des égarés : le 24e (!) opéra de Philip Glass (1937*), sur des textes de Peter Handke (rappelons que son premier opéra, Einstein on the Beach, date de 1976). La musique (de ballet ? vu le nombre de scènes dansées) fait penser à un mélange de Kurt Weill stylisé et de musique des films d'Harry Potter. C'est assez désespérant de platitude tonale et les lignes vocales ne sont guère plus intéressantes que celles reprochées parfois aux compositeurs postsériels. Mentionnons, outre moult costumes autrichiens, l'usage de cors des Alpes et de cithare pour faire couleur locale ; de là à invoquer, comme a pu le faire le chef d'orchestre, la nécessaire patience de l'auditeur vis-à-vis des musiques (répétitives ?) d'Anton Bruckner et de Philip Glass...

Il y a tout pour épater le bourgeois : au début, le narrateur surgit du public, deux Autrichiennes à socquettes s'embrassent goulûment, un meurtre a lieu en aparté, le chef Dennis Russell Davies finit avec une couronne sur la tête, il y a même un petit ensemble jazzy sur scène façon Zimmermann, et orchestre et scène se mélangent joyeusement à la fin. Mais pas le début d'une once de narration dramatique traditionnelle ici. Seul un narrateur joue le rôle de fil conducteur tout au long de l'œuvre dont le texte présente les désarrois de l'être humain, sa difficulté à communiquer, suggérant le rôle du théâtre pour apporter quelques réponses à son perpétuel questionnement.

Alors pourquoi quand même 1 cœur ? C'est que la mise en scène (de David Pountney, mais il faut aussi citer le chorégraphe Amir Hosseinpour) est aussi inventive qu'impressionnante : les scènes sont variées, innovantes (séquences vidéo), les jeux de couleur, les passages dansés, les décors et les accessoires, tout concourt à rendre ce pessimisme noir finalement vivant et attrayant. Solistes, chœur et orchestre impeccables. Passionnant making of de 40' en bonus, et captation vidéo de qualité.

T.V.