Miah Persson (Adina), Rolando Villazón (Nemorino), Roman Trekel (Belcore), Ildebrando D'Arcangelo (Dulcamara), Regula Mühlemann (Giannetta), Balthasar Neumann Chor und Ensemble, dir. Pablo Heras-Casado, mise en scène : Rolando Villazón (Baden-Baden, mai 2012).
DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4933. Distr. Universal.


L'Elixir de Villazón cuvée 2005 - avec la pulpeuse Netrebko - était connu, voici la cuvée 2012. Le ténor n'a rien gagné au plan vocal et se recycle dans la mise en scène avec un bonheur diversement apprécié. L'ensemble a pu amuser les spectateurs de Baden-Baden où la chose était présentée mais, réduit au format DVD, il n'est pas certain qu'il mérite le détour. Comme toujours, le Mexicain - ici déguisé en Mexicain à sombrero - croit amuser parce qu'il fait le pitre. L'action a été transposée par ses soins sur un plateau de cinéma où l'on tourne un western de série B. Le héros de l'histoire, figurant égaré en ces lieux où il croisera tout à l'heure un King Kong aussi perdu que lui, est amoureux de la star aguicheuse qui règne sur le saloon. Belcore joue les sergents de l'armée américaine. Dulcamara déguisé en chef sioux fait son entrée sur un cheval de bois dont il a toutes les peines du monde à descendre. Avec un peu de bonne humeur bienveillante on sourit devant tel ou tel gag plus ou moins en situation. L'orchestre, que la direction très sommaire et racoleuse du chef embarque constamment dans des accelerandi d'une vulgarité peu commune, ne favorise pas la nuance belcantiste !

Loué pour ses décibels, Ildebrando D'Arcangelo, d'emblée à côté du diapason, noie dans son vibrato ce qui lui reste de ligne, moins cependant que l'impossible Belcore aux volatine honteuses. Amina alterne voix grise et aigus scabreux face à un séducteur à cent lieues de la vocalité post-belcantiste. Le timbre de ce dernier se cherche, entre ouverture et sons en arrière, sans  métal ni légèreté, au gré d'un phrasé sui generis et, osons le dire, d'un goût des plus douteux. Seuls les aficionados de Villazón pourraient bien applaudir à ce one man show.`

J.C.