Simon Keenlyside (Macbeth), Brindley Sherratt (Banquo), Latonia Moore (Lady Macbeth), Gwyn Hughes Jones (Macduff), Ben Johnson (Malcolm), Opera in English Chorus et English National Opera Orchestra, dir. Edward Gardner (août 2013).
Chandos CHAN 3180(2). Distr. Abeille Musique.


Bien que l'on soit d'ordinaire rétif à l'opéra en langue non originale, la langue anglaise caractéristique des productions de l'ENO aurait pu raviver ici les sources shakespeariennes de l'ouvrage de Verdi. Or il n'en est rien : la réalisation sonore tout comme la direction musicale d'Edward Gardner visent à un hédonisme bien étranger à l'âpreté ou à la noirceur de la lande écossaise et de ses sorcières médiévales. Dès leur première entrée (« Welcome, sisters ») on est surpris par leur chant sage et sans aspérité - brillant néanmoins. Si le fantastique n'est pas au rendez-vous, le drame et son énergie sanglante sont néanmoins bien là : Gardner mène ses troupes, orchestrales et vocales, dans une ivresse de couleurs cuivrées et d'uppercuts à la violence superbe. Un Macbeth se raconte ici sans faillir, d'autant que le régicide est incarné par un Simon Keenlyside qui trouve dans le personnage une forme de somme interprétative : nuances fantomatiques ou jusqu'au-boutistes, majesté ou faiblesse, et jusqu'à un air « No love, no care » (finale 1865) souple et élégant, évitant tout pathos - l'enregistrement propose aussi, en option, le finale 1847. Banquo se hisse aux mêmes sommets, mais hélas sa Lady, au tempérament pourtant certain, expose un timbre élimé dès le haut-medium qui dépare considérablement son autorité vocale comme la fascination qu'elle devrait exercer.

Une version attachante pour son dramatisme tonique et ses deux généraux véritablement royaux ; mais où le couple meurtrier est trop dépareillé, et où les sortilèges éblouissent au lieu d'embrumer.

C.C.