Alex Esposito (Mustafà), Mariangela Sicilia (Elvira), Raffaella Lupinacci (Zulma), Davide Luciano (Haly), Yijie Shi (Lindoro), Anna Goryachova (Isabella), Mario Cassi (Taddeo), Orchestre et Chœur du Teatro Comunale de Bologne, dir. José Ramón Encinar, mise en scène : Davide Livermore (Pesaro, août 2013).
DVD Opus Arte OA 1141 D. Distr. DistrArt Musique.


On voudrait décerner au moins « Un cœur » à Anna Goryachova, beau timbre profond et vibrant à l'émission d'un grand naturel. Mais pas à son Italienne, car il n'y a point de personnage ici : une caricature de poupée délurée, à l'instar de tous les protagonistes dont la mise en scène fait des fantoches en deux dimensions - au point de noyer leur honnêteté vocale (Lindoro) ou d'attiser leur tendance à la surcharge (Mustafà). Las, la meilleure des Isabella ne pourrait à elle seule compenser le naufrage de cette production, de sa captation - et de son visionnage.

C'est insulter la bande dessinée que de lui comparer la mise en scène de cette Italienne - ou alors faut-il se limiter à l'univers naïf et clinquant des marvels. Les costumes de Gianluca Falaschi lorgnent du côté des années 60 mais n'en retiennent que l'extravagance colorée et choucroutée, de même que les trémoussements en musique des uns et des autres voudraient évoquer un swinging London mais s'en tiennent à une pathétique gesticulation sans âme. Partout, dans la scénographie comme dans la direction d'acteurs (?), la débauche visuelle tient lieu de conception théâtrale, les gags navrants et le sur-jeu factice croient s'accorder à l'esprit rossinien. On est accablé comme devant une blague pas drôle qui traîne en longueur - et accablé que la victime première en soit la musique. Du reste, l'Ouverture sonne déjà le glas de la soirée : routinière, de phrasés neutres et sans galbe, pas habitée - comme déjà effondrée devant le désastre annoncé.

Triste anniversaire pour une Italiana créée en 1813, triste faux-pas pour un festival rossinien.

C.C.