DVD Opus Arte OA1140D. Distr. DistrArt Musique.
Daland et le Pilote dans un canot, le Hollandais traînant sa valise, Senta à peine égarée dans une fabrique de ventilateurs - qui se reconvertira in extremis en un atelier de lampes en porcelaine immortalisant le couple maudit... Voilà, on vous a tout dit du spectacle cheap, court d'idée, de M. Gloger. Fallait-il en filmer la reprise ? Si peu de direction d'acteur, si peu de sujet et de fonds ne seraient qu'indolores au chef d'œuvre du jeune Wagner si cette pseudo-mise en scène n'introduisait partout une dimension ironique tellement à la mode dans un certain théâtre, mais dont le drame fantastique du Vaisseau fantôme ne veut en aucun cas. Plus, même : toute sa musique s'insurge devant tant de médiocrité. Contresens, donc. Et ce n'est pas le plateau qui sauvera ce vrai naufrage où ne paraît pas une goutte d'eau. Ricarda Merbeth trouve l'extrême limite de sa voix en Senta ; elle a beau aller au feu crânement, le rôle ne veut pas d'elle. Rien de la gouaille, de la roublardise de Daland n'est naturel à Franz-Josef Selig ; les ignorant, il passe à côté du personnage. Samuel Youn aurait bien parfois la noirceur du Hollandais, mais il montre une telle indifférence à la phrase musicale, souffre d'une justesse si relative et d'une présence scénique si discrète qu'on l'oublie quasiment en le voyant. Un vilain Pilote, de timbre, de chant, un Erik appliqué en contremaître d'usine d'emballage, des néons, des cartons, et Thielemann sur tout cela réglant un orchestre léger et passe-partout. C'est déjà oublié.
J.-C.H.