David Hansen (Giasone), Miriam Allan (Issipile), Celeste Lazarenko (Medea), Christopher Saunders (Demo), David Greco (Oreste), Andrew Goodwin (Egeo), Adrian McEniery (Delfa), Nicholas Dinopoulos (Ercole), Alexandra Oomens (Alinda), Orchestra of the Antipodes, dir. Erin Helyard (2014).
Pinchgut Live PG004. Notice en anglais. Distr. Pinchgut Opera.


Giasone
(1649) fut l'opéra le plus fêté, le plus représenté du XVIIe siècle. Et, bien qu'il ne s'agisse pas de la meilleure partition de Cavalli et que le livret ingénieux de Cicognini apparaisse trop prolixe, l'ouvrage, depuis sa résurrection par René Jacobs à la fin des années 1980, semble en passe de reconquérir sa popularité d'antan. On comprend qu'il ait tenté le jeune Pinchgut Opéra, créé en 2001 à Sydney par une poignée de passionnés désireux d'explorer le répertoire baroque avec des effectifs légers mais « historiquement informés » : très théâtrale, remplie de scènes bouffes ou spectaculaires, de personnages odieux, drôles ou pathétiques, l'œuvre, surtout traitée en récitatif, paraît d'abord adaptée à de jeunes interprètes. Hélas, le parlar cantando du XVIIe siècle réclame à l'évidence soit des timbres d'exception, soit des voix agiles et des musiciens accomplis, capables non seulement de colorer et d'infléchir le texte, de rendre justice aux ornements et d'improviser, mais aussi de donner chair, en une phrase, à des mélodies souvent fugaces. Nous n'avons rien de tout cela ici mais seulement une équipe de chanteurs-acteurs sans doute probants en scène (voir la plastique de surfer du rôle-titre ornant la couverture) mais guère pertinents au disque. Alors que le diapason élevé (440 Hz) rend encore plus fragile le timbre du contre-ténor David Hansen (qui nous avait pourtant impressionné dans son récital vocalisant Rivals, arias for Farinelli & Co., chez DHM), les sopranos s'imposent par leur fadeur, les basses par leur manque d'appui et les rôles bouffes par... leur absence de drôlerie. Ajoutons que la direction ne parvient pas à « hiérarchiser » les épisodes (et, notamment, à faire des arias de vrais moments de chant) et que la partition a été réduite d'un tiers (disparition du Prologue, des rôles divins et de celui de Besso) - et l'on comprendra que ce coffret s'adresse presque exclusivement à ceux qui veulent conserver un souvenir du spectacle. Préférez Jacobs (HM) ou Sardelli (Dynamic).

O.R.