CPO 777 795-2 (1 CD). Pas de livret. Distr. DistrArt Musique.
Créée au Berliner Theater en 1922 avec la célèbre Fritzi Massary, l'opérette Madame Pompadour fut le dernier grand triomphe de Leo Fall qui allait mourir trois ans plus tard, laissant ainsi le champ libre à ses deux éternels rivaux, Franz Lehár et Oscar Straus. Dans une République de Weimar qui commençait à éprouver les premiers effets de la terrible hyperinflation des années 1920, le compositeur choisit de transporter son public dans les salons lambrissés de Versailles et d'évoquer sur un mode on ne peut plus fantaisiste les amours de la Pompadour, présentée ici comme infidèle à son royal amant. Au cœur d'une intrigue passablement enchevêtrée dans laquelle Louis XV joue un rôle très secondaire et n'apparaît d'ailleurs qu'à partir de la fin du deuxième acte, la marquise tire toutes les ficelles. C'est à elle et à son amoureux le comte d'Estrades que Fall réserve la part du lion de ses nombreuses mélodies enjôleuses qui font de cette œuvre une très belle réussite.
Dans le rôle-titre, Annette Dasch fait preuve d'autorité, de rouerie et d'une certaine sensualité, mais manque du raffinement nécessaire pour rendre vraiment justice à cette musique plus subtile qu'elle peut le paraître de prime abord. Outre un fort vibrato et une respiration extrêmement bruyante, elle a tendance à beaucoup poitriner. Autrement plus satisfaisant, le ténor Mirko Roschkowski campe un amoureux racé, plein d'ardeur dans les duos avec la marquise, et dont on retiendra en particulier la superbe sérénade du deuxième acte. Avec son sens inné de la comédie, Heinz Zednik s'amuse follement en Louis XV, rôle au demeurant très peu exigeant sur le plan vocal. Si le ténor de caractère Boris Pfeifer est un Calicot (poète satiriste) bien plébéien dans son chant, Beate Ritter se coule parfaitement dans son personnage de soubrette. Dès l'ouverture débordante d'énergie, Andreas Schüller mène les troupes du Volksoper tambour battant, avec un sens du rythme jamais pris en défaut qui n'exclut pas pour autant la tendresse et le charme qui font tout le prix de cette musique. À défaut d'une Pompadour idéale, cet orchestre survitaminé et le séduisant René de Mirko Roschkowski justifient amplement cette nouvelle parution.
L.B.